Serial buteur
Novembre 1961, Hope Park de Plymouth. Il ne reste plus un ticket à la vente. La vielle enceinte du club de Plymouth Argyle affiche sold out alors que la rencontre ne concerne que les équipes réserves du club local et de Tottenham. Un tel intérêt pour un match sans enjeux sonne comme une anomalie, mais les Lillywhites arrivent en compagnie de leur dernière recrue un certain Jimmy Greaves revenue de son malheureux périple milanais.
Dans la capitale, les supporters écoutent fiévreusement la retransmission du match à la radio, le rêve de voir ce joueur sous la tunique blanche vient enfin de se matérialiser pour les fans ainsi que pour le propre intéressé. Au début des années cinquante, Greaves intègre les équipes de jeunes de Chelsea à son grand désarroi personnel, car bien qu’habitant juste aux abords d’Upton Park, le stade de West-Ham, il préfère fréquenter le sanctuaire des Spurs de Tottenham.
Le gamin clairvoyant pour son âge aime bien le jeu des Spurs. Le fameux kick and rush n’est guère sa tasse de thé. À White hart Lane on joue continental et le jeune Jimmy apprécie cette approche du jeu. Quand il joue, il éprouve des difficultés avec ses grands ballons dans les airs. Il ne tape pas dans l’œil des recruteurs des Hotspurs. C’est James Thompson un scout qui travaille pour Chelsea, qui le remarque et l’emmène chez les bleus.
A dix-sept-ans, Greaves fait ses débuts en équipe fanion, il score à vingt-deux reprises pour sa première saison chez les professionnels. Du côté de Tottenham, on se mord les doigts. C’est le moment où Bill Nicholson prend la destinée du club en main et Greaves fait partie de ses plans.
Les trois saisons suivantes, le joueur continue son raid sur les défenses du pays et débute en équipe nationale. En 1961, le syndicat des joueurs professionnels se met en grève pour obtenir une revalorisation salariale, les dirigeants des clubs mettent du temps à négocier, du côté de Chelsea on saisit la balle au bond et le board de Stamford Bridge cède à une proposition du Milan . Greaves est dubitatif, il ne comprend pas pourquoi le club le vend de cette façon.
Une fois installé avec sa femme dans la métropole lombarde l’évidence se fait jour, il ne se sent pas à l’aise et ceux qui ont un doute sur sa faculté à s’adapter à la vie en Italie et au catenaccio vont être servit. Sur le plan du jeu, le chasseur continu à dégainer, il plante but sur but malgré le fait de jouer dans une équipe en plein renouvellement. Le jeune Rivera à pris la direction des opérations. C’est sur la discipline que Greaves rencontre des difficultés. Très vite, Chelsea et Tottenham se mettent sur les rangs pour le récupérer, finalement, Bill Nicholson le manager des Spurs emporte le morceau le temps pour la fédération anglaise d’enquêté sur la validité du transfert et Greaves intègre la réserve et débute à Blackpool. Déchaîné, il marque trois fois et gratifie la foule d’un retourné acrobatique.
Le jeune attaquant peut désormais montrer toute l’étendue de son talent dans une équipe qui joue pour lui. Il enchaîne sur la Coupe du Monde au Chili, mais il accompagne une sélection en vacances. Malgré ces déceptions qui seront multiples avec le sélectionneur Alf Ramsey, Greaves conserve son niveau de jeu. L’homme est vif solide sur ces appuis dotés d’une bonne technique et possède un bon jeu de tête, mais c’est dans la zone des vingt derniers mètres où il excelle. Il possède cet art des grands fauves sur le plan visuel de mettre le cuir hors d’atteinte du gardien, il vise systématiquement les lucarnes et les ras de poteau avec sang-froid.
Les années passent chez les Spurs, les joies et les peines se succèdent, mais la World Cup 66 est un drame. Il se blesse légèrement à la cheville. Malgré son rétablissement pour le deuxième tour Ramsey se passe de lui. Pour Greaves, c’est un drame personnel. Il ne va pas s’en remettre, car cette Coupe du Monde à la maison aurait dû le sacrer Roi, pour toujours.
Après ce cauchemar, il plonge dans une dépression durant quelque temps. Le killer reste toujours affûté. En 1968 lors d’un match jouer à Leicester, il ridiculise toute la défense adverse. Il dribble cinq joueurs et bat le jeune gardien Peter Shilton. Alors qu’il a renoncé à l’équipe nationale, il s’octroie un sixième titre de meilleur buteur de la saison. En 1971, c’est le départ vers West-Ham pour une tournée d’adieu puis la retraite à trente-deux ans.
Les années d’alcoolisme et de tabac ont eu raison très tôt de sa condition physique. Jimmy Graves se retire avec trois cent cinquante-sept buts au compteur plus quarante-quatre en sélection. Par la suite Greaves fini par se soigner, triomphant de ses mauvais penchants pour devenir un consultant puis présentateur dans des émissions télé où il distille ses bons et mauvais points en ayant une langue bien pendue avec son alter & go Ian St John…..