Santiago Bernabéu dans l’enfer de la guerre civile

Lorsque la guerre civile éclate en Espagne, Santiago Bernabéu ne réussit pas à fuir la capitale. La majorité de Madrid est tombée aux mains de milices rouges « tchekas » qui quadrillent et terrorises chaque quartier de la capitale le tout avec l’accord tacite d’un gouvernement qui n’a presque plus aucune prise sur les évènements.

En septembre 1936, Madrid devient en un temps éclair, une colonie soviétique. L’  agent Alexandre Orlov de son vrai nom Leïba Lazarevitch se trouve à Madrid au moment du déclenchement des hostilités. Orlov prend les choses en main et supervise toutes les opérations qui visent à terroriser et à liquider tout ce qui est perçu comme une opposition à la révolution bolchevique. Il intimide les membres du gouvernement espagnol et organise le transfert du trésor espagnol à Moscou. L’agent Moïssei Friedland envoyé personnel de Staline et aussi présent dans la capitale. La police secrète soviétique à travers les brigades internationales tisse sa toile dans Madrid puis à Barcelone.

 Infirmier et l’ambassade France

Santiago Bernabéu gamberge puis choisit l’option de se réfugier dans un hôpital de la ville et prétend être infirmier. Son nom est couché sur les listes que les rouges ont établies. Des membres d’une tcheka le cherchent dans toute la ville du fait de son appartenance à la CEDA, la confédération des droites autonomes. Pourtant, Bernabéu est peu politisé, alors que son frère Antonio est député cediste, il est néanmoins un personnage réputé s’étend incliné de justesse dans la course à la présidence du Madrid face au républicain de droite Rafael Sánchez Guerra.

Peu après, il quitte l’hôpital et gagne la mission diplomatique française. Fervent francophile et en vertu de ses contacts tissés au fil des années, il trouve asile sous l’œil bienveillant de Jean Herbette ambassadeur de France en poste à Madrid. Le personnel met à sa disposition une petite chambre aménagée avec le strict minimum.

Des membres du comité directeur du Madrid qui n’ont pas réussi à quitter la capitale sont arrêtés par une tcheka quelques mois après le début du conflit. L’ami d’enfance de Bernabéu, Valero Ribera, trésorier du club est détenu au siège de la brigade 36. Dans les cellules aménagées du bâtiment, Ribera retrouve Gonzalo Aguirre, le vice-président du Madrid. Ils sont dépouillés, interrogés et torturés. Plus tard, ils sont amenés en compagnie d’une soixantaine de personnes dans un lieu de la capitale communément appelé, le tunnel d’Usera où ils sont fusillés.

En quête de survie

Santiago Bernabéu vit les moments les plus complexes de son existence. Il est incapable de la moindre initiative, impuissant face à une société gagné par la pire des répressions.

La faute à une vielle bourgeoise aristocrate, rentière, conservatrice, égoïste et irresponsable dont Bernabéu est lui-même issu, à une bourgeoise de gauche libérale, hargneuse, corrompu, criminelle et tout aussi irresponsable, au communisme qui s’est répandu telle une virus mortel dans une partie du pays, à l’église catholique surpuissante qui ne pense qu’a assuré son bien quotidien, à un territoire jouet de multiples firmes anglo-américaine qui contrôle la presque totalité des grandes entreprises et les ressources naturelles du pays…

Madrid est un asile de fou à ciel ouvert avec des politiques corrompus qui préoccupé a sauvegardé ce qui leur reste de petits avantages laisse la capitale en proie au pire. À la nuit tombée, un rituel s’installe. Les tchekas quadrillent chaque rue puis des bruits de bottes, des cris qui retentissent, des portes qui se referment et des camionnettes qui démarrent en trombe, puis un silence assourdissant.

Allongé dans sa petite chambre de l’ambassade de France Bernabéu n’entend pas les cris de supplices de ses gens partis pour ne plus revenir. Bernabéu a échappé au pire, à Useria et à l’enfer de Paracuellos, le camp d’où on ne ressort jamais vivant.

Exfiltré en France

Le personnel alimente en nouvelle Bernabéu sur la situation générale. Après dix-huit mois passés à l’ambassade de France, Bernabéu est exfiltré par des membres de la mission diplomatique hors de Madrid et de l’Espagne. Il rejoint la France sa deuxième patrie et le camp des insurgés. Bien après le conflit, Bernabéu se verra reprocher par certaines personnes favorables au nouveau régime sa léthargie et le refus d’avoir incorporé les factions nationalistes dans un premier temps, préférant attendre sagement la fin du conflit terré dans sa chambre.

Bernabéu ne s’est jamais expliqué sur son engagement dans les rangs nationalistes, mais son anticommuniste primaire et le fait de se sentir coupable de ne pas avoir été en situation de défendre ses amis, dont Valero Ribera, alors qu’il était dépourvu de toute attache personnelle, a sans doute été un argument décisif dans sa volonté de rallier le camp nationaliste. Bernabéu obtient le grade de caporal et sert en tant qu’éclaireur sous les ordres d’une de ses connaissances, le Général Muñoz Grandes qui dirige la 150e division.

Après la fin du conflit, Bernabéu retrouve sa famille, il tient une promesse faite à son ami Valero tombé à Useria et épouse sa femme. Peu après il retrouve son travail au ministère des Finances et son club avec comme objectif de le reconstruire et d’en faire un outil de domination au service de la classe populaire, en apparence…

Bernabéu se refuse à faire partie de cercles d’influence gravitant dans la matrice franquiste qui réclame une vengeance totale envers les communistes. Après tout, la peste rouge avait permis à la bourgeoisie conservatrice de droite et par extension à la bourgeoisie libérale de gauche de se débarrasser de l’anarchisme, droite et gauche. Bernabéu était un homme assez intelligent, calculateur et cynique pour savoir ce qui s’était joué durant ce conflit civil aux multiples visages…