Replay : Wolverhampton et de Tottenham / UEFA 72

L’expression le « foot c’était mieux avant » revient sans cesse en boucle. Certains ont la nostalgie des maillots, des joueurs, des stades, des ambiances d’autre fois, du jeu développé par les différentes nations…

Tout cela est compréhensible. Mieux encore, quand on commence à se pencher sur des rencontres anciennes. Des matches de championnat et de Coupe d’Europe. La nostalgie fait place à la découverte pour les jeunes en quête de savoir – ils sont peu nombreux – ou la redécouverte pour les plus âgés.

Parmi tout ce qui est disponible sur la toile, la rencontre qui oppose les clubs anglais de Wolverhampton et de Tottenham dans le cadre de la finale de coupe de l’UEFA en 1972 demeure un témoignage de ce que fut à un moment le football en tant que fait culturel.

Tout d’abord, l’ambiance. Le mythique stade Molineux et son architecture unique, ses supporteurs au ras de la pelouse qui peuvent toucher les joueurs quand ils tirent un corner. La pelouse  est praticable, mais elle a subi les avatars de l’hiver. Les joueurs sont vite maculés de boue…

Le match ne traine pas, les deux équipes rentrent dans le vif du sujet, pas le temps de souffler longuement ou de se regarder dans le blanc des yeux. La balle va d’un camp à l’autre. Certains joueurs sont plus techniques que d’autres, mais chacun sait ce qu’il doit faire avec le ballon.

Un fait de jeu révélateur intervient à la trentième minute de jeu. Les Wolves attaquent sur le côté gauche suite à une ouverture. Le grand Pat Jennings sort de ses dix-huit mètres et précède l’attaquant des Wolves. Le keeper irlandais dégage le ballon qui revient au centre du terrain. Daniel Hegan, petite dynamo des Wolves intercepte la balle. Le temps de faire un contrôle et il tente un lob depuis le rond central. La trajectoire est parfaite. Pat Jennings a juste le temps de retourner dans ses cages et de détourner le cuir en corner suite à une envolée suivie d’une claquette, le genre de geste qui fait la marque des grands gardiens. Hegan tape la pelouse, il est vert de rage de ne pas avoir marqué.

De nos jours, un joueur qui se retrouve dans la même situation ferait preuve d’une tout autre attitude. Point de rage contre soit même, mais un regard qui cherche la camera la tête prise entre ses mains et pour finir un petit regard envers le banc de touche et les supporteurs avec l’air dépité. Autre fait qui ne passe pas inaperçu durant cette rencontre. Le match de Martin Chivers, centre-avant des Spurs.

Durant une bonne heure, le vaillant attaquant de Tottenham se démène comme un beau diable appuyé par l’inusable Ralph Coates et Alan Gilzean. Chivers quadrille tout le terrain en attaque. Il prend les couloirs, cherche à créer des situations de jeu pour ses équipiers, il produit le travail de sape demander par son coach Bill Nicholson et ses coéquipiers. Un travail de sape qui paye en fin de match. Martin Chivers inscrit les deux buts de Tottenham. Ses buts donnent le titre aux Spurs – match retour 1/1 à White Hart Lane –, mais peu importe, de nos jours, la prestation de Chivers serait analysée ainsi ….

Martin Chivers, a-t-il sauvé son match en marquant ses deux buts ? C’est vous dire le niveau des journaleux qui débâtent chaque soir sur la chaine 21 et sur d’autres ondes.

Décidément, trop de choses ont évolué en mal dans le monde du football…