Reds…dans le meilleur des mondes 4/7
Un ami qui vous veut du bien…
Une joie de courte durée
Le titre obtenu en 1947 est endeuillé par le décès de William McConnell. Stanley Williams succède à ce dernier. C’est un homme de conviction et de compromis. Son accession à la tête du board rééquilibre le pouvoir entre les deux factions, orangiste et syndicale.
Hommes forts
À la lecture de l’histoire du LFC, un fait revient en continu. Liverpool a toujours eu recours à des managers forts. Tom Watson triple champion avec Sunderland, chipé au club du Nord-Est du pays offre les deux premiers titres au club rouge. David Aishworth, adepte d’un jeu prudent, voir défensif rafle lui aussi deux couronnes de champions. Enfin, George Kay maintient le club à flot durant la guerre et réussit un coup énorme en remportant le championnat en 1947. En 1951, atteint d’une maladie, il est contraint de se retirer. Le board d’Anfield n’avait pas vu le coup venir. Sans Kay aux commandes de l’équipe première, le onze de base se délite complètement. La saison suivante, Liverpool ne parvient pas à se maintenir dans l’élite du football anglais.
D’orangiste à syndicaliste et à libéral, il n’y a qu’un pas
Vers la fin des années cinquante, un nouvel actionnaire Eric Sawyer, intègre le board d’Anfield. Son apport personnel est infime. Néanmoins, l’homme est aussi le garant d’un autre investisseur qui ne peut siéger à la table des actionnaires du club rouge. Eric Sawyer est connu pour être le bras droit de John Moores, un des hommes les plus riches du Royaume-Uni. Moores est déjà impliqué dans le football. Il chaperonne le club rival d’Everton et dirige la société Littlewoods qui à la main mise sur les paris portant sur le football professionnel anglais. Si la loi permet à Moores d’être actionnaire d’un autre club, il ne peut siéger au conseil d’administration. John Moores mandate Eric Sawyer pour le représenter.
L’immixtion de John Moores dans le bord d’Anfield change les rapports de forces. Les syndicats affaiblis par la situation morose de l’industrie portuaire ne peuvent plus autant influer sur la marche du club. Ce qui explique l’élection de Thomas Williams à la tête du club et la mise en retrait de Richard Martindale. Moores qui s’est lié d’amitié depuis plusieurs années avec Williams profite de la situation pour avancer ses pions. Attablé autour de libéraux et ce qui reste de syndicalistes, Sawyer dicte la politique future du club rouge, avec le soutien du chairman Thomas Williams.
Qui est John Moores ?
À cette époque, John Moores et son frère Cecil font partie des plus grosses fortunes du Royaume-Uni. John Moores né en 1896 à Barton-upon-Irwell près de Manchester dans un foyer de la classe moyenne. Fils d’un maçon devenu entrepreneur, il accompagne le plus souvent son père fan de Manchester United au stade d’Old Trafford. La greffe ne prend pas. Après des années de travail dans une entreprise de messagerie à Liverpool, John et son frère Cecil fondent aux alentours des années vingt, une société de paris sportifs qui porte sur les matches de football du championnat d’Angleterre de première, deuxième et troisième divisions. Durant la première décennie, les choses ne marchent pas très bien au point ou leurs associés se retirent. Néanmoins, John et Cecil persistent et vers la fin des années trente, la société baptiser Littlewoods réalise des bénéfices importants. Les stades sont munis de panneau d’affichage arborant les vingt-six lettres de l’alphabet. Ils donnent le score à la mi-temps et le résultat final des parties disputées. Chaque lettre correspond à une rencontre.
Les frères Moores diversifient leur entreprise. Il touche à plusieurs secteurs d’activité, dont la distribution, la construction de piscine et la vente au détail. L’entreprise familiale connaît une période florissante. John s’occupe du développement de l’entreprise et Cecil du secteur portant sur les paris “pools” des matches de football. John Moores tente une expérience en politique, néanmoins, il n’est pas élu et renonce assez rapidement à une carrière dans ce domaine. Durant le deuxième conflit mondial, Moores soutient l’effort de guerre et Littlewoods se fait fort d’obtenir des contrats en matière de fournitures pour l’armée. Rien n’arrête l’ascension des frères Moores. Au tout début des années soixante-dix, Littlewoods est la première entreprise du pays.
Jeune, John Moores fréquente et intègre des cercles de pouvoir. Il est initié à l’idéologie libérale. C’est un convaincu, il croit l’initiative perssonelle, c’est un grand intuitif. Il s’intéresse de près au football du fait des liens de Littlewoods avec la Football Association, mais aussi pour ce qu’un club peut véhiculer sur le plan social. Moores voit dans le football un outil de communication unique en son genre, ce qui ne l’empêche pas de financer et soutenir de jeunes artistes dans les domaines des arts et de la musique.
Patron d’Everton
Durant les années quarante et cinquante, John Moores investit dans le club d’Everton. Installé aux premières loges, il constate ce qu’il avait observé par le passé. Le club bleu est soutenu par un public hétéroclite. Si à sa fondation, Everton est un bastion du catholicisme, le métissage entre familles intra-chrétienne met un terme à la dualité catholique-protestante au sein du club bleu. Everton est ouvert à toutes les conditions sociales. Ce n’est pas un club marqué par le militantisme social. Il en est tout autre chez le voisin rouge…
John Moores qui connaît de longue date les moindres contours du club rouge dans lequel il voit un frein et un opposant à l’idéologie libérale et un facteur d’instabilité sur le plan social décide d’investir dans le board d’Anfield. C’est le moment où le président Thomas Williams et son secrétaire décident d’aller chercher Bill Shankly qui ronge son frein à la barre du club d’Huddersfield Town. Le board local refuse au manager écossais d’investir l’argent nécessaire pour redonner au club son lustre d’antan. Shankly est un fanatique. Moores, le sait !
La bonne fortune
Après avoir pris ses fonctions, Shankly procède à un état des lieux du club rouge. Thomas Williams et le manager écossais se mettent au travail. Le centre d’entraînement de Melwood est modernisé et le stade d’Anfield est équipé de nouvelles installations. John Moores règle les factures.
Sur le plan footballistique, Shankly réalise quelques transferts, dont celui de l’attaquant écossais Ian St John. Moores ne se montre pas opposé à ses achats, mais il prévient son petit monde qu’il n’est pas question d’injecter de l’argent à tout va. Le club rouge doit atteindre sa propre autonomie financière. En retour, Moores continue de s’occuper d’Everton. Il fait le nécessaire pour que Goodison Park soit choisi pour l’organisation du mondial de 1966 disputé en Angleterre.
Humain et vantard
Bien que conservateur, Shankly est un homme ouvert qui observe ses adversaires à la loupe. C’est un professionnel apprécié de ses confrères. Shankly n’hésite jamais à monter au créneau pour défendre un manager en délicatesse avec ses dirigeants.
Le manager écossais n’en demeure pas moins arrogant, vindicatif, beau parleur, et ne cesse de mettre en valeur son socialisme adapté à chacun. Shankly considère que les propriétaires ne sont là que pour signer les chèques. C’est parfait pour Moores. Shankly de par sa stature se met en avance, prend tout sur lui. Comprendre, la transformation sociale du club…