Rabiot à raison
C’est acté. Le joueur Adrien Rabiot a décidé de s’exclure du groupe France en rejetant l’idée d’être un joueur suppléant pour la Coupe du monde en Russie. Le milieu de terrain du Paris Saint-Germain n’a pas accepté le fait de ne pas avoir été retenu dans la liste des vingt-trois joueurs retenus par Didier Deschamps. Il a averti son sélectionneur par mail.
L’affaire
Qui a sorti l’affaire ? L’Équipe et le Parisien informé par la FFF.
Cette affaire interne au groupe France a été rendue publique par la volonté de l’appareil. Une occasion pour les gens de la fédération et de son sélectionneur de se grandir aux yeux de l’opinion publique. Une façon aussi pour le sélectionneur et le staff de Clairefontaine de se débarrasser d’un joueur non souhaité.
Joueur non désiré
Deschamps n’a jamais voulu de Rabiot. C’est un joueur qui ne l’intéresse pas. Trop technique, trop expressif. Ce n’est pas son football et la vision qu’il se fait d’un demi défensif ou d’un demi-relayeur. Rabiot a toujours été utilisé par parcimonie en équipe de France. Six reprises seulement. Il n’a jamais été un projet et Rabiot a fini par le comprendre, d’où une déception qui s’est transformée en rancœur envers Deschamps.
Face au système
Pas d’agent appartenant au « milieu du football ». Pas de connexion avec les journalistes de la Pravda dont certains sont très actifs à faire et défaire des carrières. Le jeune homme s’est singulièrement compliqué l’existence quand on connaît le mode de fonctionnement du football professionnel hexagonal. Il suffit de voir les attaques et nombreux tirs concentrés par l’ensemble des médias envers sa mère qui est son agent. Comme d’autre avant lui, Rabiot s’est fait seppuku. C’est tout à son honneur !
Médias accusateurs
On est passé en quelques heures de l’information au tribunal de l’Inquisition. Les aboyeurs de toutes sortes sont sortis du bois pour hurler leur haine et appeler les supporteurs de tous les clubs français à siffler et traquer le joueur du PSG. Cette émission en date du 23 mai diffusé sur RMC dans le cadre de l’émission Radio Brunet est explicite !
Dialectique appropriée en fonction de l’accusée
Dans ce énième épisode concernant un joueur « déficient », de l’équipe de France, on constate que le langage utilisé pour incriminer le joueur n’est pas la même selon la personne. Exit, le discours raide, accusateur, moralisateur, paternalisme post colonial, quand il s’agit d’accabler des joueurs d’origine maghrébine ou africaine du à des comportements inappropriés. Peu ou point d’argumentation quand il s’agit des joueurs venus des Antilles – favoris de l’appareil – connus pour avoir été le plus souvent la source de tension au sein de l’EDF. Cette fois, il s’agit d’un joueur autochtone issu de la France périurbaine. Point de discours adapté, le lance-flamme est sorti !
Mise au point
Le vendredi 25 mai, Adrien Rabiot a envoyé une lettre pour mettre les choses au point et publié par le média RTL
” Je me doutais du retentissement qu’aurait ma décision, mais je déplore d’être caricaturé comme un jeune joueur immature incapable de mesurer la portée de ses actes. Footballeur, c’est mon métier, mais le football c’est d’abord ma passion. Pour me hisser au plus haut niveau, j’ai travaillé encore et encore. Tout ce que j’ai aujourd’hui je l’ai gagné sur le terrain. Et puis j’ai un rêve, comme tous les footballeurs, c’est jouer pour mon pays.
Porter le maillot bleu est pour moi un honneur, une fierté. Gagner avec la France, gagner pour la France est une mission. Depuis l’âge de 15 ans, j’ai défendu les couleurs de la France dans toutes les catégories de jeunes, jusqu’à attendre l’équipe A. J’ai la culture France. Aussi, je n’autorise personne à parler en mon nom de ma relation avec l’Équipe de France. Depuis ma première convocation en A, en tant que réserviste en mai 2016, j’ai joué avec mon club, le PSG, un grand d’Europe, 88 matchs dont 13 en Ligue des Champions, marqué 9 buts et j’ai été récompensé par sept trophées.
Si j’ai décidé de me retirer de la liste des suppléants, c’est que je considère que le choix du sélectionneur à mon égard ne répond à aucune logique sportive, car depuis toutes ces années le message était clair, ce sont les performances en club qui ouvrent les portes de l’Équipe de France. Je suis un compétiteur sans état d’âme, mais je suis aussi un homme, et à ce titre j’aurais aimé être considéré comme tel.
Ma démarche ne vise en rien les joueurs sélectionnés. Et je remercie Monsieur Le Graët, le président de la Fédération, d’avoir souligné l’exemplarité de mon comportement en sélection ces huit dernières années. Enfin, j’assume et j’assumerai toutes les conséquences de mon choix avec le soutien de ma famille et de mes proches”.
Rabiot ne va pas au bout de sa pensée. Il préfère rester dans les lignes avec politesse, mais on sent un jeune joueur en colère non pas de ne pas avoir été pris, mais d’avoir été dupé depuis des années. Enfin, le plus important. Il assume toutes les conséquences de sa décision. Ce qui signifie une possible exclusion de l’Équipe de France pour de longues années.
En guise de conclusion. Rabiot a bien fait de s’auto exclure et peu importe les conséquences. La sélection c’est une récompense, un épanouissement, mais quand cette position se transforme en contrition et duperie dans son cas, alors il faut savoir dire non ! La liberté en club est plus que minime. En sélection on est en droit de dire non à partir du moment où on n’est pas désiré par le sélectionneur et le staff technique.
En préférant s’exclure, le jeune parisien a fait preuve de caractère. Pour un joueur qui est souvent accusé d’en manquer, il reste le seul à avoir affronté de face Ibrahimović, c’est plus que correct. L’étranger semble souhaitable pour lui. Le « nous te prenons pour que tu deviennes meilleur » à la place du « ne fait pas ça, fait ça » risque de le changer.
Reste à savoir ce que Rabiot fera demain. S’excuser, revenir ou rester droit dans ses bottes, ou bien sera-t-il exclu à jamais, l’avenir le dira, néanmoins il ne faut pas se tromper. Vu les prises de position qu’elle soit issue du monde politique, sportif ou de la presse, la position de Rabiot dépasse son propre cas. Il y a eu par le passé des dizaines de joueurs qui se sont auto exclut de leur sélection, mais le football à changer. Le système s’auto-défend !
La stasi à l’oeuvre.
Sur CNEWS en compagnie de grands spécialistes !
http://www.cnews.fr/emission/2018-05-23/20h-foot-du-23052018-782608
Duluc est au taquet dans cette affaire…