Quand Elektroimpex, illuminait le monde

Il en est ainsi, le fait d’écouter de manière impromptue la radio vous apporte une quantité de renseignements sur le psychisme de certaines personnes. Il y a plus de deux ans lors de la montée du club de l’Union Berlin en première division  allemande, les polémistes du lundi soir qui officient sur l’antenne de RMC-Infos dissertent brièvement sur l’histoire du deuxième club berlinois, cependant, les animateurs, un tout particulièrement, se moquent allègrement du stade du club de l’Union, car ce dernier est doté d’un panneau d’affichage ou on indique le score avec des plaquettes en bois.

Pas de panneau d’affichage  électronique ou d’écran géant. Quoi de plus normal pour un stade de l’ex Allemagne de l’Est, surenchérir l’excité.

Je ne vais pas à travers ce texte réhabiliter un brin les régimes totalitaires qui tenaient l’ Europe de l’Est à cette époque vu mon antibolchevisme primaire, toutefois  je pense qu’il est de bon ton de remettre les choses à leur place.

 

Retour à la source.

Budapest 1945, après avoir voté pour la construction d’un grand stade, un vieux projet remis à plus tard, le Parlement vote le budget nécessaire à la réalisation du projet. L’architecte David Karoly assisté de Jeno Juhasz et Ferenc Kiss, planche sur l’édification d’une arène pourvue d’une piste d’athlétisme et d’une capacité de 70 000 places assises un premier temps avec la possibilité de porter l’ensemble à 100 000 places. Karoly opte pour un dessin classique en apparence, car l’arène présente quelques nouveautés. 

Le stade est conçu avec 90% d’éléments préfabriqués, et se caractérise par un ensemble de dix-huit piliers immenses qui soutiennent le deuxième niveau de la tribune latérale qui fait face à l’espace où siègent les autorités. Mais le plus important est l’ajout de deux panneaux d’affichage d’un type nouveau.

Quatre ans auparavant, le 1er juin est fondé par le pouvoir, une société spécialisée dans l’électronique, son nom, Elektroimpex. La société qui emploie la fine fleur des ingénieurs sortie de l’université technique de Budapest s’investit dans plusieurs secteurs d’activité. Téléviseur, radio, photocopieur, câble électrique…

Sollicités par la fédération de football magyare pour équiper le NepStadion au sujet de certains domaines techniques, les gens d’Elektroimpex se lancent dans la conception d’un nouveau type de tableau d’affichage. Rapidement, les ingénieurs de la société utilisent la technique mise en pratique pour les feux de circulation en ville. Après deux années de travail, le résultat est saisissant. L’ajout de ses tableaux d’affichage qui vise à faire du NepStadion, une arène moderne est une réussite. 

Lors de l’ouverture du NepStadion en août 1953, une grande cérémonie est organisée. Le président du Comité international olympique, Avery Brundage à fait le voyage. Le tyran temporaire et chef du parti communiste Mátyás Rákosi, oblige Brundage à s’installer dans les cabines destinées à la presse internationale, car en tant que  Britannique, Brundage est le représentant d’un pays impérialiste. La première journée est dédiée à un meeting d’athlétisme ou les Hongrois affrontent leurs homologues norvégiens.

Le deuxième jour voit le football prendre possession des lieux. La formation du Honved de Budapest dispose du Spartak de Moscou sur la marque de 3 à 2.Les deux tableaux d’affichage se caractérisent par des structures rectangulaires. Le premier modèle proposé par Elektroimpex affiche 7000 ampoules, chaque carré lumineux est composé de 35 ampoules. Muni de cette réussite, Elektroimpex se lance dans la réalisation de tableau pour les gares ferroviaires et les aéroports.

Dès lors, l’Ouest et le reste du monde vont peu à peu se tourner vers Budapest pour s’équiper de ses fameux tableaux d’affichage électroniques.

En fonction de demandes variées, les gens d’Elektroimpex réalisent des modèles variés, dont un panneau incurvé pour équiper le stade olympique de Mexico pour les JO de 1968, et la société magyare s’associe avec l’horloger suisse Omega.

Les produits d’Elektroimpex s’exportent dans le monde, en Italie notamment. Exemple : le stade San Siro de Milan et le stade olympique de Rome. Du fait de cette réussite, les administrateurs de la firme hongroise diversifient la société mère. Péter Balázs, haut-commissaire européen à Bruxelles malgré son âge avancé a fait ses premières armes au sein d’Elektroimpex.

Durant les années quatre-vingt, Elektroimpex est soumis  à la concurrence. Du la firme hongroise qui possède la marque Elektroimpex cesse son activité au tournant des années quatre-vingt-dix et recentre sa production  sur d’autres secteurs d’activité, dont la fibre optique…