Phil Hill, l’ambassadeur 1/2

Novembre 1952, Ciudad Juárez au Mexique. C’est l’effervescence dans la cité au sud du pays. De nombreux concurrents, une bonne centaine, défilent dans la ville pour rejoindre leur box attitré. Parmi les candidats à la victoire dans cette deuxième édition de la Carrera Panamericana, l’écurie privée de l’entrepreneur texan Allen Guiberson, aligne une Ferrari 340 Mexico Vignale. Produite à moins de cent exemplaires par la maison Ferrari, la Scuderia Ferrari a récupéré quelques modèles dans le but de les faire courir dans les grandes épreuves de route après avoir réalisé plusieurs modifications.

Au volant de la voiture du Team Guiberson, se trouve Phil Hill, jeune pilote nord-américain qui a déjà une petite expérience des épreuves de route. Hill réalise une course satisfaisante, et termine sixième au classement général.

Allen Guiberson est un habité des courses automobiles aux USA. Ce fier texan est impliqué dans la construction de moteurs pour avions de tourisme. Père du moteur diesel radial, Guiberson à développer ses affaires sans jamais s’éloigner du monde la course automobile. Pilote, il participe aux 500 miles d’Indianapolis. Dans les années quarante, il met sur pied son écurie privée. Il devient un personnage récurrent des speedway, les plus cotés dans son pays. Paradoxalement, malgré son expertise, Guiberson délaisse l’idée de construire son propre véhicule. L’année suivante, les deux hommes reviennent au Mexique, cependant, Hill abandonne, suite à un léger accident.

Philip Hill, est né le 20 avril 1927 à Miami en Floride. Alors qu’il est en bas âge, sa famille déménage et s’installe à Santa Monica, en Californie.

Jeune, Phil Hill est passionné par la mécanique et le sport auto, il abandonne l’école et devient mécanicien. Il trouve le moyen de concourir dans de petites courses dans l’État de Californie au volant de sa MG personnelle, qu’il modifie sans cesse.  En 1949, il s’envole pour le Royaume-Uni. Son employeur l’envoie suivre des stages chez des constructeurs automobiles britanniques pour qu’il se spécialise dans les carburateurs Skinners Union.

Première victoire de Phil Hill à Peable Beach en Californie sur sa Jaguar XK120

À son retour de Grande-Bretagne, Hill s’aligne dans des épreuves dans l’Etat de Californie et remporte sa première course à Pebble Beach au volant d’une Jaguar XK120 acquise en Angleterre. C’est une période richissime pour le jeune californien d’adoption. Hill participe à toutes les courses qui se déroulent dans son pays. Outre les épreuves en catégorie sport, il s’aligne dans la montagne au Pikes Peak.

Après deux tentatives infructueuses, Guiberson et Hill décident de faire une nouvelle tentative dans la Panamericana. Guiberson prend livraison d’une Ferrari 375 MM Vignale qu’il fait repeindre en blanc orné de bleu sur les flancs de la voiture. Avec son ami Richie Ginther à ses côtés, Hill réalise une course quasi parfaite. Le duel avec Umberto Maglioli, lui aussi au volant d’une Ferrai 375, fait rage.

Finalement, le coureur italien s’impose avec vingt minutes d’avance sur le pilote américain. Ce résultat ne passe pas inaperçu du côté de Maranello. Enzo Ferrari, qui certes n’a aucune empathie envers les Etats-Unis, ne sous-estime pas le marché nord et sud-américain, d’où la présence en masse de ses voitures dans cette épreuve. Phil Hill, sans être sous contrat avec la Scuderia Ferrari, fait partie désormais de sphère de Maranello.

Phil Hill au volant de sa Ferrari  375 MM Vignale dans la IV épreuve de la Panamericana de 1954

Peu après, Hill traverse l’Atlantique et participe pour la première fois aux 24 heures du Mans sur une OSCA, voiture de marque italienne avec laquelle, il abandonne. De retour aux États-Unis, il reprend ses habitudes et remporte des courses et popularise la marque au cheval cabré outre-Atlantique. Entre temps, Hill fait la connaissance de Luigi Chinetti, un ancien pilote de Grand prix et en catégorie sport qui s’est installée aux USA après la fin de la guerre. Une grande amitié nait entre les deux hommes. C’est avec Chinetti, que le jeune californien apprend l’italien. 

Hill ne connait pas la même réussite en Europe. En 1955, il intègre la Scuderia Ferrari et participe aux 24 heures du Mans, toutefois il abandonne en faisant équipe avec Umberto Maglioli. Il en est de même les deux saisons suivantes avec le Français André Simon et l’Anglais Peter Collins.

La saison suivante est la bonne. Associé au pilote belge Olivier Gendebien, il décroche sa première victoire aux 24 heures du Mans au volant des mythiques 250 Testa Rossa. Victorieux des 1000 kilomètres de Buenos-Aires avec Peter Collins, l’américano fait, désormais, partie intégrante de la Scuderia.

Enzo Ferrari décide de l’associé le plus souvent avec Olivier Gendebien. Le courant passe bien entre les deux hommes. Dès lors, Phil Hill, pilote multicarte vise la Formule 1. Entre deux records de vitesse à Salt Lake City, Hill est désigné pilote de réserve puis devient titulaire en fonction de la retraite de Mike Hawthorn et la mort de Peter Collins.

Catégorie Sport, montagne, Grand Prix et record de vitesse 

Bien qu’il soit un pilote vedette de la Scuderia, il court aussi pour l’écurie NART aux USA. Cette écurie privée, fondée par son ami Luigi Chinetti, fait courir des Ferrari dans l’ensemble des courses ou le NART s’aligne. Chinetti est aussi importateur Ferrari aux USA.

Plus qu’aucun autre pilote, Phil Hill joue le rôle d’ambassadeur pour la firme de Maranello. Pilote en formule 1 et en catégorie sport en Europe et aux USA, il est indissociable de la marque au Cavalino…