Numérotation des maillots
Londres, 1939. Les joueurs de Tottenham Hotspur, Andrew Ducan, Albert Hall et Willie Hall découvrent leur maillot flanqué de leur numéro.
Évolution
C’est vers la fin des années trente que les numéros attribuer aux joueurs en fonction de la position qu’ils occupent sur le terrain apparaissent sur les terrains du championnat anglais. La numérotation favorise l’identification des joueurs pour les supporteurs même si certains joueurs ne gardent pas le même numéro pour chaque rencontre. Les articles consacrés à chaque rencontre soit par la presse traditionnelle ou par le programme édité par le club permettent à chaque spectateur de mieux identifier ses favoris et aux entraineurs de mieux cerner l’aspect tactique d’une rencontre, enfin, c’est une aubaine pour la presse, les reporters sont plus à l’aise pour relater les faits d’une partie derrière leur micro.
USA et première tentative en Angleterre
La numérotation des joueurs est apparue aux USA dans le football US, les autres ligues reprennent cette idée. Les Anglais expérimentent cette nouveauté dès 1928 dans leur championnat, mais cette évolution positive n’est pas entérinée par les dirigeants du football anglais. Il faut attendre quelques années pour que la numérotation réapparaisse dans le football Anglais et qu’elle soit validée par les instances du football britannique.
Le mondial disputé au Brésil en 1950 entérine définitivement la numérotation au niveau des sélections, quatre ans plus tard la FIFA impose une numérotation fixe pour chaque joueur sélectionné. Plus rien ne change jusqu’aux années 90’s. Certes quelques entraves apparaissent ici et là dans certains championnats. Le très libéral Johann Cruyff porte le numéro 14, avec son club de l’Ajax d’Amsterdam. Certaines équipes expérimentent la numérotation des équipes en Coupe du Monde avec un numéro attribué aux joueurs pour toute la saison, vu en France, mais les supporteurs rejettent en masse ses premières tentatives des multinationales du sport et leur désir de codifier l’identité du joueur à travers un numéro fixe.
La numérotation classique est très prisée des amateurs de football, car le numéro comporte toute une symbolique. Le neuf est synonyme d’attaquant axial, le onze est porté par l’attaquant qui évolue sur le flanc gauche, le dix, le plus célèbre est porté par le dépositaire du jeu de son équipe.
Libéralisme
La disparition progressive de la numérotation classique intervient vers le début des années 90’s. Après quelques années d’un football travaillé de l’intérieur par les libéraux, les verrous sautent un par un. La numérotation n’échappe pas à la règle. Le marché avide de nouveaux espaces à exploiter revient à la charge avec un libéralisme qui pointe de nouveau son nez en Europe après la chute du mur de Berlin. Les clubs les plus huppés de la scène continentale qui présente toute la même caractéristique, celle d’être proche de la faillite se constitue à travers un groupe de pression et font sauter avec le concours de l’UEFA, toutes les barrières qui régule l’activité football, prônant une liberté sans entrave pour le marché. L’aspect le plus intéressant dans cette séquence demeure l’exploitation des joueurs d’envergure moyenne. Les clubs se mettent au diapason, chaque joueur reçoit un numéro pour la saison et son nom est inscrit au dos du maillot.
Enjeux
Le football ne doit pas être un enjeu entre conservateurs et libéraux, il vaut bien mieux que ça, ainsi que le sport en général. La numérotation fonde définitivement l’identité du football, comme bien d’autres aspects ancrés dans la culture football, la numérotation n’aurait jamais dû être soumise à une négociation sous l’autel du tout argent. Un jour viendra où les vraies valeurs du jeu le plus populaire au monde reprendront le dessus sur cette vampirisation ultralibérale qui a absorbé le football tout entier.