Le tennis de l’ennui

Par son histoire le tennis a toujours connu une hiérarchie composée d’un groupe de cinq à six joueurs dominants suivis d’une vingtaine d’autres acteurs du jeu de très haut niveau. Avec les années deux mille, le tennis s’est appauvri. La hiérarchie s’est considérablement réduite, trois joueurs se sont tour à tour mis en évidence, Roger Federer, Raphael Nadal et Noah Djokovic, un quatrième Andy Murray ne vivote tant bien que mal à l’ombre de l’invincible trio, derrière rien de bien concret.

Rares sont les champions de tennis qui ont réussi à s’imposer sur toutes les surfaces. Seul le champion australien Rod Laver juste avant la grande révolution du tennis des années soixante-dix a réalisé le grand chelem à deux reprises. Pour les financiers de la planète tennis qui méprisent la vérité du terrain, une telle situation se devait d’être corrigée. Après réflexions, les opérateurs économiques sont tombés sur le principe de modifier les surfaces sur lesquelles évoluent les joueurs.

Le marché à une exigence, la statistique.

La terre battue de Rolland Garros est désormais moins lourde et bien plus rapide, le gazon de Wimbledon est moins sec, le jeu est plus lent, quant aux Australiens, ils ont supprimé leur gazon pour adopter une surface classique en ciment, la même utilisé à l’US Open. Uniformiser les surfaces a permis à de très bons joueurs de devenir dominants en contrepartie, ce changement de surface a considérablement affaibli le réservoir de joueur spécialisé sur une surface de jeu bien précise.

Fini, le spécialiste de la terre battue et du gazon. La disparition de ses joueurs intermédiaire a profondément affaibli le ventre mou du classement ATP. Les meilleurs sont de moins en moins confrontés à des joueurs d’expériences et spécialistes d’une surface. Cette domination n’est donc pas le fruit du hasard, elle s’explique assez facilement, peu importe les qualités tennistiques des trois meilleurs joueurs du circuit sur ses dix dernières années. Voir des joueurs gagner sur tous les continents, réaliser le grand chelem, tel est la volonté des sponsors et des diffuseurs télé.  

Alors peut-on espérer un jour un retour à un tennis diversifié avec la fin de ses surfaces uniformisées ? Le marché tient à ses symboles quitte à produire de l’ennui, il n’est pas question de changer quelque chose, cette quête infinie de l’absurde n’est pas finie. L’économie du tennis à besoin de superman à l’image de Messi et Ronaldo dans le football fabriquer pour les besoins du marché et non de joueur stylé, la rentabilité et rien que la rentabilité, le tennis est sur une mauvaise pente, mais il ne le sait pas…