Le meilleur
histoire
À l’orée des années quatre-vingt, Robert Redford ne répond plus aux appels d’Hollywood. Après son dernier film Brubakker, il reste quatre années à s’occuper de sa famille et du développement de Sundance, un petit institut permettant à de jeunes auteurs de travailler et de monter des projets loin de la pression des Studios hollywoodiens. Néanmoins, Redford ne rompt pas avec le cinéma. Il passe en revue des scénarios que son agent lui fait parvenir, mais il n’est guère transcendé par ce qu’on lui propose à l’exception d’un projet à l’état d’embryon intitulé, The Natural. Une histoire qui raconte la rédemption d’un joueur de baseball…
Projet
A l’origine, The Natural écrit par Bernard Malamud est un récit consacré au batteur et première base des Chicago Cubs, Eddie Waitkus, objet d’une tentative de meurtre par une femme déséquilibrée. Redford s’entretient avec les auteurs du projet et un accord est rapidement trouvé.
Le baseball et Robert Redford, c’est une longue histoire faite de contrariété. Alors qu’il est scolarisé à l’école Van Nuys à Los Angeles, le jeune Redford a comme camarade de classe un certain Don Drysdale. Si Redford joue assidûment au baseball durant son adolescence, il ne semble jamais avoir fait partie de l’équipe de Van Nuys d’après ses biographes. Joueur réserve tout au plus. En fait Redford aimait jouer en dehors de l’école avec Drysdale et d’autres camarades…
Dix ans plus tard, Redford est devenu un jeune acteur qui monte dans l’industrie du cinéma, quant à Don Drysdale, il est passé professionnel et à intégrer les rangs de la Major League en signant pour les Los Angeles Dodgers. Lanceur, il devient rapidement starter et partage son temps de jeu avec Sandy Koufax, l’autre vedette de l’équipe. Durant les sixties, la paire Koufax-Drysdale est ce qui se fait de mieux en Major League…
Il y a toujours eu une forme de confusion au sujet de Redford et de sa relation avec le Baseball. Interroger par la presse dans les années quatre-vingt, Don Drysdale avait déclaré que Redford était un bon joueur, néanmoins certains journalistes avaient mis cette observation sur le refus de Drysdale d’embarrasser son ami. En fait, Redford était un bon joueur de baseball, mais durant son adolescence, il prit conscience qu’il était un tantinet limité. Peu de chance pour lui de jouer un jour au plus haut niveau. Enfin, la découverte de l’Art au même moment, l’ éloigne peu à peu du baseball…
Jeune marié, Redford s’installe à proximité de la ville de Provo dans l’État de l’Utah. Cependant, la rupture avec le baseball n’est pas définitive. Lors de nombreux tournages qui l’amène à Los Angeles, il se rend de temps à autre au Dodgers Stadium…
Réconciliation
Après une décennie royale et un break nécessaire, Redford revient au cinéma par l’entremise de ce film. Il ne faut pas voir Le Meilleur comme une production basique avec des personnages un brin caricaturaux, les bons et les méchants de service et le happy end de service en conclusion. Il s’agit d’un long métrage dédié au baseball, son histoire, son poids culturel dans le paysage américain. Le réalisateur Barry Levinson et Redford insistent sur cet aspect*. Le Meilleur, c’est l’histoire de Roy Hobbs, un homme passé à côté de son rêve, en quête de rédemption. C’est aussi l’histoire d’une réconciliation entre Robert Redford et le baseball. C’est ainsi qu’il faut voir le film…
Errements
Après le Meilleur, Redford enchaîne sur Out of Africa qui constitue un tournant dans la carrière de la star. L’homme change profondément, joue et réalise des films sans intérêt, et devient un intellectuel de salon, précieux et suffisant, trahissant l’écologiste à ses débuts pour épouser, entre autre, la position des multinationales qui contrôlent la question du réchauffement climatique. Un naufrage.
*Alors que débute à Buffalo le tournage du film, Redford demande à porter le numéro neuf en hommage au héros de sa jeunesse, Ted Williams, batteur mythique des Boston Red Sox.