Le direct arrive

Londres, janvier 1927. Juché dans un petit réduit de la tribune d’honneur du stade d’Higbury, mais assez confortablement installé pour faire son travail, le commentateur Teddy Wakelam rend l’antenne, un brin satisfait de sa production. Tout à bien marcher. Wakelam vient pour la première fois de commenter un match de football en direct et dans son intégralité à la radio. La rencontre qui oppose Arsenal à Sheffield United, s’achève sur un score de parité d’un but partout. Une semaine auparavant, Wakelam avait réalisé la même opération dans le cadre d’un match de rugby en couvrant la rencontre Angleterre-Pays de Galles au stade de Twickenham…

Le direct se répand

Les années vingt sont fertiles en matière d’innovation technique concernant le monde la radio. Les retransmissions en direct en font partie. Tout naturellement, le sport est un support privilégié par les réseaux radiophoniques. Un peu partout dans le monde, des manifestations sportives sont au fur et à mesure couverte par des reporters, micro en main.

Initiation

C’est Hamilton Fyfe, journaliste au Times, puis directeur du Daily Mirror, un journal en difficulté consacré aux femmes qu’il transforme en un quotidien populaire sous l’insistance du magnat de la presse Alfred Harmsworth, qui durant un voyage aux États-Unis, découvre le procédé de retransmissions des rencontres de Baseball de la Major League. Il observe les commentateurs et leurs façons de faire au micro.

En rentrant en Grande-Bretagne, Fyfe décrit ce qu’il a vu en publiant un article. Quelques jours plus tard, il s’entretient avec des cadres de la BBC. L’idée de lancer un procédé analogue en Angleterre est né. Dès lors, plusieurs personnes travaillent sur ce projet dont deux hommes. George Allison et Teddy Wakelam.

Le premier, après avoir tâté le cuir en amateur, intègre le club d’Arsenal qui n’a pas encore déménagé au nord de Londres. Journaliste,  Allison est rédacteur en chef du  journal du club. Lors du premier conflit mondial, il travaille pour l’amirauté au service de la propagande. Après la fin des hostilités, Allison intègre la BBC. Journaliste au sein de la radio nationale, il ne lâche pas Arsenal qu’il continue à servir fidèlement, étant membre du conseil d’administration du club. Au sein, de la BBC, il retrouve Teddy Wakelam.

Adolescent, Teddy Wakelam issu d’une famille aisée, s’oriente vers le rugby. Excellent dans le domaine de l’ovalie, il évolue un temps au club des Harlequins. Après la guerre, Wakelam se blesse à un genou et décide d’arrêter sa carrière de joueur de rugby. Il se tourne vers le journalisme et intègre peu après la BBC. Dès lors, Allison et Wakelam travaillent sur la nécessité de retransmettre des évènements sportifs en direct. Allison commence par les courses hippiques dont le Grand National.

Lors de la restructuration de la BBC en 1927, John Reith, 1st Baron Reith, prend la direction des opérations. Reith pense qu’il faut intensifier le programme des retransmissions d’évènements sportifs en direct. Cette action n’ayant aucune incidence sur la fréquentation du public.

Allison et Wakelam se tournent vers la possibilité de retransmettre un match d’Arsenal vu la position qu’occupe Allison au sein du board du club d’Highbury. C’est le début de la grande aventure. Wakelam assisté par son confrère Cecil Arthur Lewis, devient une voie familière dans les toutes les chaumières du pays. Outre le football et le rugby, il couvre les matches de boxe et le tournoi de Wimbledon.

Novateur, Wakelam utilise un tas de procédés qu’il a concocté dont une cartographie des terrains, notamment pour décrire les actions de jeu le mieux possible . Le public doit comprendre ce qui se passe le mieux possible. Il lâche le micro au début des années cinquante et prend sa retraite.