L’affaire Casillas

Intox et départ forcé

Chaque intersaison apporte son lot de changement et parfois de psychodrame, le dernier en date concerne le départ de l’inamovible gardien du Madrid et de la sélection nationale, Iker Casillas pour le club portugais du FC Porto. Ce transfert n’est pas anodin, il s’agit d’un réel coup de pied au derrière qu’a reçu Casillas venant de la direction du club d’où le début d’une  polémique.

Le départ forcé de Iker Casillas était dans l’air depuis plusieurs mois, certains ont avancé que les deux parties n’avaient pas trouvé un terrain d’entente. La direction du club meringue ne pouvait satisfaire les prétentions salariales de Casillas, mais laissons ce débat plus que secondaire de coté.

Culture du joueur roi, mais responsable

Santiago Bernabéu est à l’origine du Madridisme, « je ne suis que le président du  Madrid, le club appartient à ceux qui l’ont construit et soutenu » Bernabéu était aussi un partisan d’une gestion du terrain qui tranchait radicalement avec ses adversaires. Bernabéu avait un rejet viscéral de l’autoritarisme, il ne supportait pas les entraîneurs absolutistes. Tant que je serais président, jamais un de ses types (il pensait à Herrera, Merkel, Rocco, Michels et bien d’autres) ne prendra place sur le banc du Madrid.

Bernabéu prônait l’autonomie des joueurs bien qu’il n’était pas à l’origine de cette manière de faire fonctionner le vestiaire du club blanc. Les joueurs étaient responsables de leur performance en retour la position de l’entraîneur consistait à gérer la condition physique de l’effectif et à partager imposer l’aspect tactique avec l’assentiment des joueurs de l’équipe.

Cette culture du terrain et du vestiaire survit au décès de Bernabéu. En 1985, Ramon Mendoza homme d’affaires est élu à la présidence du club en lieu et place de Lluis de Carlos qu’il a combattu durant plusieurs années. Mendoza tente de mettre un frein à ce système, mais le vestiaire sous le règne de la quinta del buitre résiste. Bien plus tard les présidents Sanz et Perez sont confrontés à ce problème de « l’indépendance du vestiaire ».

Perez face au vestiaire

Élu président du  Madrid, le nouvel homme fort de Chamartin reprend en main un club qui avait déjà entamé certaines transformations. D’emblée, il constate que si le club est sorti peu à peu de l’héritage laissé par Bernabéu le tout dû à l’action de son prédécesseur Sanz, l’entrepreneur en bâtiment doit faire face à un problème qui s’avère insoluble, le vestiaire !

Le vestiaire donne rapidement des migraines au tout nouveau président. Un vestiaire qui fait corps avec son entraîneur Vicente Del Bosque, un ancien de la maison madrilène que Perez aimerait bien dégager. Perez commence par une tentative de déstabilisation du vestiaire en opérant la venue de certains joueurs au profil inadapté pour casser la cohésion générale de l’effectif madrilène. Les intrus sont rapidement mis à l’écart, le vestiaire résiste une fois de plus.

Face à cet échec Perez lance conjointement sa politique de galactique pour humilier les cadres de l’effectif meringue. Les anciens ballons d’Or s’entassent dans les sous-sols du Bernabéu, des conflits éclatent entre les cadres et les joueurs vedettes, mais une fois de plus le corps légitime résiste à cette tentative de mise au pas. Les stars se fatiguent bien plus vîtes que les cadres du vestiaire. Perez démissionne à cause des résultats moyens du club et freinés par son opposition au sein du comité directeur, cependant avec l’idée d’organiser son retour pour mieux instaurer son pouvoir à lui.

Déstabilisation

Lors de son retour à la tête du club madrilène, Perez s’oriente vers un nouveau bras de fer avec les joueurs. En réponse au vestiaire il décide d’institutionnaliser le coach. Perez ne fait pas dans la demi-mesure au point de faire signer le portugais José Mourinho dont l’autoritarisme est connu dans le monde du football.

Après quelque mois d’exercice, les conflits éclatent tous azimuts, Mourinho divise le vestiaire poussé par Perez, le coach portugais essaye de fragilisé les joueurs espagnols, mais il va trop loin en tentant de les monter contre ceux du Barça, par cet acte, il signe sa fin malgré le soutien de son président.

Casillas a failli

Dans cette affaire Casillas n’est pas innocent, il a sa part de responsabilité. Arcroché à sa place de guardameta, il ignore la baisse générale de son niveau de jeu. Casillas ne transmet pas son savoir-faire, il le garde, il est égoïste jusqu’au bout, il ne s’est pas comporté en joueur du Madrid. Par son obstination, il a donné la possibilité à Perez et son comité directeur de s’en séparer.

Avec le départ de Casillas, Perez entrevoit la fin d’un long combat. Durant ses mandats à la tête du club meringue, l’entrepreneur en bâtiment à diluer et éliminer les derniers vestiges de ce qui restait de l’ère Bernabéu, le terrain et le vestiaire, un héritage qui avait résisté au temps à de multiples provocations et coups tordus est presque désormais mort, ne reste que Sergio Ramos que l’homme fort de Chamartin fait semblant de retenir.

Il ne  manque plus qu’à Perez à finaliser son rêve ultime, privatiser le club madrilène dont il sera le président et l’actionnaire principal…