La photographie est un art par Ernie Sisto

28 juillet 1945, un bombardier B-25 Mitchell s’écrase sur l’Empire State Building, le plus haut édifice de la ville de New York. La catastrophe est  due à un épais brouillard. Une dizaine de personnes sont décédées lors de l’impact de l’appareil contre le building, ainsi que les trois membres d’équipage du bimoteur. Les dommages sur trois étages sont importants, mais la structure faite d’acier et de béton a bien résisté. Une fois les lieux de l’accident sécurisé, Ernie Sisto photographe au New York  Times accède à la zone sinistrée pour prendre la mesure des dégâts.

Après une reconnaissance des lieux et de quelques photos prise au milieu d’enchevêtrement de poutres calcinés et de gravats, Sisto grimpe plusieurs étages. Poussé par son professionnalisme il se positionne sur une corniche. Encordé et tenu par deux employés du bâtiment, il prend une série de clichés. Peu après, il se met au travail et sélectionne la meilleure photo pour faire la une du New York Times. Sisto vient de rentrer dans la légende de sa profession…

L’acrobate Ernie Sisto en action

Profession de foi

Ernest Ludwig Sisto, 1904–1989, né à Princeton, dans le New Jersey s’initie à la photographie, alors qu’il est adolescent. À dix-sept ans, il intègre la revue internationale News Photos  et couvre un tas de manifestations publiques. Vers 1920, il rejoint le NY Times et se fixe définitivement dans ce quotidien.

Sisto est apprécié par ses employeurs par sa connaissance du matériel photographique mise à sa disposition. Il possède une science aiguë des appareils de la firme Graflex et ne cesse d’y apporter des modifications. Sisto est aussi un utilisateur aguerri de la “Grosse Bertha”, un téléobjectif de grande envergure. Adepte le plus souvent du 35 millimètres, il a parfois recourt à la Grosse Bertha lors de certain évènements, ce qu’il oblige a porté son matériel qui dépasse les 40kg.

Durant une bonne trentaine d’années, Ernie Sisto photographie New York sous tous ses angles, ce qui l’oblige à prendre des risques. Infatigable, il couvre aussi toutes les conventions des partis démocrate et républicain lors des présidentielles.

Sports

Durant toutes ses années au NY Times, Ernie Sisto couvre aussi l’actualité sportive. Il partage le travail avec ses confrères, dont Neal Boenzi abordé dans un autre sujet. Si Ernie Sisto privilégie le baseball, il ne délaisse pas les autres disciplines sportives. Lors d’une rencontre de hockey sur glace des NY Rangers disputés au Madison Square Garden, suite à un duel entre deux joueurs, il reçoit le palet en pleine figure. Résultat, quelques points de suture, pour Ernie le téméraire.

Ernie Sisto suit particulièrement le baseball. Il réalise quantité de clichés dont certain font désormais office de réference. Année après année, il développe des amitiés avec des joueurs des NY Yankees, dont Joe DiMaggio et Mickey Mantle. Il en est de même avec les autres formations. Ernie  Sisto acquiert une telle science du jeu et des joueurs qu’il devine le plus souvent le moment où il doit déclencher son appareil photo.

L’art du timing lors d’une rencontre des NY Giants avec Willie Mays en action

Lors de certaines rencontres, Sisto n’hésite pas à employer une Grosse Bertha. Juché dans les hauteurs ou la toiture du Yankee Stadium, du Polo Grounds, puis du Shea Stadium, il mitraille à tour de bras les séquences de jeu à forte intensité.

À l’orée des années soixante, Sisto continue son oeuvre. Bien que vieillissant, il reste en pointe dans tout ce qui touche au domaine technique des appareils utilisés par son journal, recherchant inlassablement à améliorer le résultat de son travail et celui de ses confrères du New York Times.  

En 1972, Ernie Sisto se retire de la profession et part vivre en Californie, laissant derrière lui, un travail inestimable…

Ernie Sisto au Shea Stadium avec sa Grosse Bertha