Joueur “libéré”

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Né d’une famille de mineurs d’origine polonaise,  Raymond Kopa joue comme beaucoup d’enfants au football à Nœux-les-Mines. Adolescent, il se fait remarquer lors du concours du jeune footballeur, il intègre le SCO Angers. Raymond Kopaszewski devient Kopa. Quelques années plus tard, il rejoint le Stade de Reims, un club présidé par Henri Germain avec le soutient de la maison Pommery  spécialisé dans la production de champagne. Après quelques belles prestations dont une au Stade  Chamartin de Madrid lors d’un Espagne-France, il tape dans l’œil du Président du club du Madrid, Santiago Bernabéu.

Douze mois après, Kopa intègre le club de la capitale espagnole. Le Madrid malgré son gigantisme naissant est encore un club familial, mais où ça ne rigole pas dès que l’on s’écarte du cadre professionnel. Les joueurs ne manquent de rien sur le plan matériel, mais Kopa découvre un concept qui lui était inconnu, une forme d’auto gestion du vestiaire. Kopa reste trois années et demie en Castille dans ce qui constitue la période la plus exaltante de l’histoire du club madrilène, puis Kopa revient au Stade de Reims pour préparer sa reconversion. 

Au sortir de la guerre, la France est divisé sur la question du sport dans la société. L’exaltation du corps est mal vue par les élites suite à la défaite de 1940, les penseurs, Sartre en tête diligentée par le pouvoir imprègne la société tout entière de cette détestation du corps.

Le football demeure confiné à l’état de divertissement. Ce décrochage qui s’opère avec les autres pays du vieux continent durant les années cinquante et soixante où le football devient culture taraude encore de nos jours la société française.

Malgré son brillant parcours Kopa fut comme bien d’autres champions de son époque dont Alain Mimoun impuissant à ce que le football et le sport en général trouvent sa place dans la société en tant qu’apport culturel, pour Kopa et sa génération ce combat – le plus important – était perdu d’avance.

Alors qu’il glisse vers la fin de sa carrière de joueur, Kopa réagit vivement au contrat à vie qui lie joueurs et clubs dans l’hexagone. Il lance son slogan devenu célèbre avec le temps, “les joueurs sont des esclaves”. Le combat de Kopa était juste, il était logique que les joueurs soient protégés par un cadre juridique, mais un combat juste n’est pas forcément synonyme de progrès. En gagnant ce nouveau statut, les joueurs ont vu leurs émoluments grimper, mais ils n’ont en rien gagné le droit de dirigé leur carrière de joueur, seul, les grosses vedettes ont obtenu ce privilège. La liberté apparente du joueur c’est l’introduction du loup dans la bergerie. Le contrat à durée déterminée n’a en rien contrarié les dirigeants de clubs, bien au contraire, il a généré bien plus d’argent à terme et ouvert la voie à toutes les dérives présentes en masse dans le football de nos jours…

On peut mettre en avance les mérites du petit fils d’immigré qui est parvenu à la force du poignet à se hisser au top niveau du football européen et avoir un brin de lucidité sur l’homme qui fut un des tout premiers à insérer la violence libérale dans le football sous forme de progressisme. Par bien des égards, Kopa n’était pas un joueur de son temps, mais bel et bien le footballeur du futur, le footballeur d’aujourd’hui en bien et en mal…