Hypocrisie
Rien ne sert de réagir à chaud. Dès qu’un fait apparaît et qui est source de polémique dans le monde du football, les réseaux sociaux s’enflamment et la totalité des rédactions de quotidien ou magazine qui passe leur temps à éructé des bêtises sans oublier de formater l’esprit des gens qu’il soit consentant ou non.
Récemment, des supporteurs du club de la Lazio de Rome se sont fait remarquer par des attaques contre leur ennemi juré, ceux de la Roma. Jusqu’ici rien de bien nouveau, sauf que pour cette occasion, quelques Laziale ont détourné une photo d’Anne Frank – vous connaissez son histoire – pour lui accoler un maillot giallorosso. Cette initiative a été dénoncée par l’ensemble de la presse. Quand on ne sait rien, on ne comprend rien, on veut ignorer la réalité, on condamne !
Calcio moderno
Tout d’abord, la presse ne cesse de qualifier ses supporteurs d’ultra. N’importe quelle organisation de supporteurs en Italie peut se revendiquer du terme d’ultra. Il suffit de quelques tambours, d’une bâche et de se déclaré en tant qu’association. Cependant, cela ne fait pas de vous un groupe Ultra pour autant. Simple rappel, le « mouvement ultra » est mort depuis plus de vingt-cinq ans en Italie. Mort d’avoir voulu être autonome.
Ses supporteurs affirment lutter contre le calcio moderno. Or, leur acte ne s’apparente en rien à ce qui pourrait prétendre déconstruire ce football moderne. La question est : Comment combattre cette déferlante néolibérale qui détruit entièrement tout dans le monde du football tout en restant correct ?
Certains animateurs des tribunes en Italie ont choisi la solution la plus directe. Choquer, provoquer, créer des polémiques en tout genre. La photo d’Anne Frank détournée s’inscrit dans cette longue liste d’action de toutes sortes pour défier la morale établie.
Ses organisations de supporteurs ont un rôle à jouer. Jadis les ultras de la Roma avaient défini une charte au sujet du mouvement ultra. Il manquait un seul paragraphe, le plus important. Celui de la propriété des clubs.
Vous l’aurez compris, on cherche tant bien que mal le lien avec ce football abêtissant, laid, désastreux, affligeant, pourri, irritant, vulgaire, tant vanté par la totalité des médias et soutenus par les générations Erasmus. Combattre le football actuel, produit de la déferlante néolibéral est une cause noble. Ce n’est pas un sentiment, mais une nécessité, car il faudra tôt ou tard en finir avec tous ceux qui dirigent et font la promotion du néant. Si les tifosi – ils peuvent jouer un rôle d’exemple pour le reste de l’Europe – veulent stopper et enrayer la marche de ce calcio moderno, ils doivent faire preuve de réflexion. Ses nouveaux ultras ont-ils oublié ce qui s’est produit durant les années 80 et au début des années 90 ?
Replay
Les dirigeants favorables au football business et les politiques effrayés par la possibilité de voir les masses populaires et indépendantes s’exprimer hors des systèmes de représentation incarnée par la gauche traditionnelle et l’extrême gauche ont créé et piloté des groupes d’extrême droite et d’extrême gauche pour infiltrer les groupes ultras. Ils ont déconstruit et brisé les associations ultras par la violence et la propagation de drogue dangereuse pour amoindrir et réduire la capacité du mouvement ultra italien à sa plus simple expression, avant qu’il ne devienne trop puissant et grippe la machine porteuse d’un football business. Ce qui a été fait !
Malhonnêtes
Les supporteurs qui se rendent encore au stade sont face à un choix. Soit ils continuent d’entériner ce football néolibéral et médiocre, soit ils se prennent en charge et monte aux créneaux pour mettre fin à cet avilissement. Si ses groupes de tifosi restent confinés dans leurs petites affaires, ils n’iront pas loin, car les stades se vident lentement, mais sûrement. Ils peuvent jouer les idiots utiles pour le compte des actionnaires des clubs. Cependant, tôt ou tard les propriétaires des clubs pourront exiger des lois répressives pour liquider toute forme de contestation et ainsi faire place à une tribune aseptisée. Si les supporteurs ont le souci de l’intérêt général, alors ils ont un moyen à disposition pour en finir avec ce football. Il leur suffit de lancer un mouvement en employant l’arme absolue. Le boycott !
Certes, les clubs vivent des revenus octroyés par les droits télé, mais sans spectateurs et personne pour s’abonner et regarder les rencontres diffusé sur le petit écran, les clubs sont condamnés.
À travers des organisations structurées sur le plan juridique, les vrais supporteurs doivent reprendre ce qui leur appartient. En tout premier leur autonomie, ce que le système condamne. Ensuite, ils doivent redéfinir dans quel cadre l’activité football doit être joué sans tenir compte des injonctions des politiques, de Bruxelles, des professionnels, des médias et du marché. La balle est dans leur camp. Pour l’instant, ses petits groupes pilotés par le pouvoir continuent à s’affronter en utilisant toute la gamme d’invectives possible. Hier, la photo d’Anne Frank détournée, demain autre chose, puis encore autre chose…
En attendent, le pouvoir peut dormir tranquille. La tribune est tenue !