Hyperclasse galopante
Quand il y a quelques années, les fans des Oakland Raiders ont eu connaissance d’un projet visant à déplacer la franchise à Las Vegas, l’ensemble des fans n’a guère prêté attention à cette information. Pour les gens d’Oakland, les Raiders à Las Vegas, c’est la plus grosse blague imaginée par les gens de la NFL dans l’histoire du football US. Ce n’est pas sérieux. Pourtant, après bien des réunions entre les parties concernées, le deal est finalisé…
Abattement
Après que le projet a été approuvé par les élus d’Oakland, c’est l’abattement qui règne dans la ville et dans ses environs. En fait, les fans savaient que les dirigeants de la NFL avaient soumis un nouveau cahier des charges aux héritiers d’Al Davis ancien propriétaire des Raiders et aux élues politiques de la ville. Un cahier qui exigeaient entre autres la construction d’un nouveau stade et d’un nouveau centre d’entraînement.
Genèse
La franchise des Raiders apparaît en 1960 avec la création de la nouvelle ligue AFL censée faire de la concurrence à l’ombrageuse NFL. Après des débuts laborieux, l’AFL tient la route, néanmoins lors de la création du Super Bowl qui réunit les deux champions des deux ligues, la fusion entre les deux entités pointe son nez. Elle intervient quelques années plus tard.
Dans le monde de la NFL les Raiders ont acquis une certaine réputation. Une franchise peu sérieuse pourvue des pires joueurs de la ligue, dont certains condamnés par la justice. L’Équipe au maillot noir et au casque argenté flanquée de la tête d’un pirate modelé sur le cowboy acteur Randolph Scott fait sourire le pays. Pourtant, les silver-blacks se font remarquer une première fois en 1968, année où ils remportent le titre AFL. Les Raiders sont défaits en finale du Super Bowl disputé à l’Orange Bowl de Miami par les invincibles Green-Bay Packers.
La franchise du peuple
Soutenu par les classes populaires, entrepreneurs, commerçants, ouvriers et les employés du port d’Oakland, les Raiders deviennent peu à peu incontournable dans la ville et ses nombreuses banlieues, malgré la présence des 49ers de San Francisco qui se trouve de l’autre côté de la baie. Une grande proximité unit public et joueur, ainsi que le staff technique dont fait partie l’acteur de cinéma James Gardner. La suite est connue. Les Raiders survoltés par leur environnement remportent deux Super Bowl et en gagnent un troisième lors de leur départ à Los Angeles.
Parmi tous ses fans se trouvent un jeune homme qui n’a pas encore fait son apparition sur les écrans de cinéma. Apprenti comédien, Tom Hanks est un supporter invétéré des Raiders. Né à Concord, banlieue d’Oakland, Hanks grandit dans cette ville réputée pauvre par rapport aux autres cités qui forme San Francisco Bay. Starifié et oscarisé, Tom Hanks n’a jamais cessé d’encourager les Raiders.
Ce qu’il voulait
Au moment de se lancer dans une protestation dans le but de conserver les Raiders à Oakland, Hanks voit les gens d’Hollywood qui soutiennent les Raiders disparaître autour de lui et se retrouve seul avec les gens d’Oakland pour mener une guerre perdue d’avance, mais qui en vaut la peine, c’est pour lui un devoir. Toutefois, cette situation ne déplaît pas à l’acteur qui n’a jamais apprécié tous ses opportunistes d’Hollywood venu profiter de l’image des Raiders pour se faire mousser auprès des couches populaires. On comprend que l’acteur est voulu marquer sa différence avec le monde du show-business en se lançant seul dans cette aventure sans lendemain.
Les gens de la NFL derrière le départ des Raiders
Durant les années quatre-vingt-dix et deux mille, les dirigeants de la NFL voient d’un mauvais œil des initiatives provenant de groupes de supporters californiens visant à instaurer le Community Ownership (système des socios en version US) à Oakland dont jouit la franchise des Green Bay Packers.
Les gens de la NFL ont interdit le Community Ownership dans leurs règlements, néanmoins, le statut des Green Bay Packers ne peut être changé du fait de l’histoire, et du poids de la franchise et de l’influence de ses supporters conscientisés et réactifs. Cependant, prenez de bons avocats et vous faites sauter le verrou.
Pour enrayer cette menace, les gens de la NFL soucieux de préserver le statut des franchises à travers le privé planifient un vaste projet. Ils valident une politique d’investissement et de développements en matière d’équipements. La valeur des franchises s’envole au point d’être désormais hors d’atteinte pour un quelconque fonds d’investissement constitué par des fans.
Convoitise
Quand l’hyperclasse commence à loucher sur une entité culturelle aux accents prolétaires et communards, elle envoie la communauté du show-business au front. Une fois dans l’arène, cette dernière se livre à un travail de déconstruction sur le plan social et identitaire de l’entité visé. La captation des Raiders par les puissances d’argent est en quelque sorte une sorte de trophée de guerre pour ses derniers. Le ratage du transfert de la franchise à Los Angeles dans les années quatre-vingt n’a en rien refroidi les gens de la NFL.
Après bien des rodomontades, les héritiers d’Al Davis ont fini par céder aux chantages des gens de la NFL, administrateurs et actionnaires de franchises dont le plus féroce d’entre tous Jerry Jones, propriétaire des Dallas Cowboys, les poussant à privilégier un départ pour Las Vegas que de rester à Oakland avec la construction d’une nouvelle arène.
Ce qu’en pense Greta…
Désormais installés à l’Allegiant Stadium climatisé de Las Vegas, les Raiders ont doublé le nombre d’abonnés et de spectateurs. Maintenant, reste à savoir si Greta l’ado-citrouille suédoise est en accord avec toute cette agitation, car bonjour le bilan carbone avec la ronde interminable de jets privés de ses amis du show-business venu s’encanailler pour un week-end à Las Vegas avec au menu, un match des Raiders…
Leur histoire
Malgré la distance qui sépare Oakland de Las Vegas, des groupes de supporters font désormais le déplacement une fois par an dans le Nevada et font la route tous les ans pour soutenir leurs favoris à Los Angeles face au Chargers. Les Raiders c’est leur histoire, pas celle des autres, une histoire qui ne se partage pas !