Helen Wills, une question de style
C’est en 1924 que le public anglais découvre le tout nouveau phénomène du tennis féminin nord-américain. Pour la première fois, Helen Wills originaire de Centerville en Californie s’aligne dans le prestigieux tournoi de Wimbledon. Du haut de ses dix-huit ans, elle surclasse l’ensemble de ses opposantes, néanmoins elle est défaite en finale du simple dame face à la britannique Kathleen McKane. Dix ans plus tard, Wills se retire du monde du tennis amateur suite à des problèmes physiques. Son palmarès est éloquent. Il comporte notamment dix-neuf grands chelems. Aucune joueuse de tennis n’a autant dominé son époque sur une décennie…
Adolescente, Wills dispute un tas de compétition en Californie. Elle s’impose rapidement dans toutes les catégories jeunes, puis accède au circuit réservé aux seniors malgré son jeune âge. Outre le tennis, elle étudie le dessin et la peinture à l’université de Berkeley.
Son premier fait d’armes intervient en 1922. Âgée de seize ans, elle parvient en finale de Forest Hill ou elle s’incline face à la vétérane Molla Mallory. Cette défaite est vite oubliée. Wills continue son ascension vers les sommets et remporte tournoi sur tournoi dont trois Forest Hill.
Sélectionnée par le comité olympique nord-américain avec Eleanor Goss et Marion Zinderstein pour représenter son pays, Helen Willis franchit l’Atlantique pour la première fois. Lors de ses quatre rencontres disputées à Paris face à des joueuses côtés, elle ne leur laisse que des miettes. Enfin, associée à sa compatriote Hazel Hotchkiss, elle remporte le double féminin. Celle que la presse nord-américaine surnomme Poker Face du fait qu’elle ne sourit presque jamais et reste froide même dans les moments délicats attise l’intérêt du grand public envers cette jeune californienne qui évolue sur les courts coiffés d’une casquette-visière.
Trois ans après son titre olympique glané à Paris, Helen Willis revient en Europe et elle s’aligne dans plusieurs tournois. En fonction de sa toute jeune réputation, une rencontre est organisée par des promoteurs au tennis club attenant au Charlton Hôtel de Cannes. La rencontre l’oppose à celle qui domine le tennis européen, la Française Suzanne Lenglen. Ce qui est présenté à l’époque comme la rencontre du siècle tient toutes ses promesses. Lenglen au sommet de sa carrière l’emporte sur la marque de 6/3, 8/6, après un duel féroce entre les deux joueuses. Le résultat n’est guère important. Lenglen est au sommet de sa carrière et elle l’emporte au physique lors de cet affrontement qui sera le premier et le dernier entre les deux joueuses. Cette rencontre laisse des traces, sur les conseils de son père, Lenglen prend la décision d’éviter les tournois où s’aligne la jeune Américaine. L’année suivante, la Parisienne abandonne le monde amateur et rejoint le circuit professionnel.
Les quelques documents vidéo qui existent sur Wills permettent de mieux cerner le style de la meilleure joueuse de son époque. On peut observer que la Californienne était une joueuse de son temps déroulant un tennis conforme pour son époque, avec quelques ajouts qui lui ont donné la force nécessaire pour dominer en grande partie ses opposantes.
Wills était une adepte du jeu long et capable au cours d’un échange de varier la longueur de ses balles avec son grand coup droit. Quand elle évoluait sur sa ligne de fond de court, ses adversaires jouaient un à deux mètres derrière, ce qui lui procurait un avantage énorme dans les échanges.
Le revers constituait l’autre point fort de la Californienne. Bien qu’exécuté selon les standards de l’époque, marquée par l’absence de sa main libre pour tenir le manche de sa raquette, Wills possédait une grande souplesse du poignet droit et tapais la balle en revers en recherchant le plus souvent les angles pour déporté son adversaire. Observation faite par beaucoup de joueuses. Chose rare, car à cette époque, le revers était assimilé à un geste de défense.
Wills avait fait de son revers une arme pour attaquer à tout moment au cours des échanges. Un atout considérable qui lui a donné une marge suffisante pour dominer son époque…