Fenway Park, l’inamovible

La colline de Beacon Hill constitue l’épicentre du Boston historique. Le quartier est constitué du parlement reconnaissable à son dôme dorée et d’une myriade d’hôtels particuliers. Les richissimes familles de brahmane bostonien – descendant direct des immigrés du Mayflower –  habitaient ses opulentes demeures. En sortant de Beacon, on plonge sur la Beacon Street et on longe Back Bay. Au bout de l’avenue se trouve un carrefour, on aperçoit au loin des tours munies de projecteurs qui dominent par leur hauteur l’environnement. Au détour d’une rue on découvre un édifice fait de briques rouges…

Naissance d’un mythe

1910, John Irving Taylor, propriétaire de la franchise des Boston Red Sox, décide d’entreprendre la construction d’une nouvelle arène pour son équipe. L’équipe des Sox occupe l’obsolète Huntington Avenue Grounds, un stade construit en bois d’une capacité de 12 000 places. En fonction du succès croissant du Baseball, John Irving Taylor achète un terrain dans le quartier de Fenway au sud de la cité. Le Fenway fait partie d’un vaste plan de reconstruction qui vise à remplacer toutes les arènes dédiées au baseball construit en bois. Le Polo Grounds de New York détruit par un incendie sonne la fin de ses édifices dangereux. En l’espace de quelques années, l’ensemble des formations affilié à la Major League se dote d’enceinte qui utilise l’acier et le béton comme matériaux de construction.

John Taylor opte pour le dessin réalisé par l’architecte Charles E. McLaughlin du cabinet d’architectes Osborn Engineering, la réalisation de l’édifice est confiée à la société James McLaughlan Construction Company.

Le Fenway est inauguré en fanfare, car les Sox sont au sommet de la Major League. La formation de Boston remporte quatre World Séries, les Sox possèdent de très bons joueurs dont un certain Babe Ruth. En 1920, le nouveau propriétaire de la franchise cède le « bambino » au New York Yankees, Fenway perd son joueur vedette, ce départ est qualifiée de désastre par beaucoup de spécialistes de la presse, un séisme qui va muter en malédiction aux dires des fans des Red Sox.

Au cours des années vingt, le Fenway Park est amélioré, il passe d’une capacité de 27 000 à 34 000 places. L’enceinte reprend le dessin de la plupart des arènes construites à l’époque, mais se singularise avec l’ajout d’un grand mur vert côté champ gauche. Durant les années soixante et soixante-dix, Fenway ne change guère, on note le rajout de l’éclairage et d’un nouveau panneau d’affichage – scoreboard – sur la tribune côté champ droit.

Les années soixante-dix sont un tournant dans l’histoire du baseball, l’ensemble des stades édifiés en même temps que le Fenway Park est rasé. Les franchises aménagent dans de nouvelles arènes omnisports quel partage avec les équipes de football US et de soccer. Fenway résiste…

Durant les années quatre-vingt, Fenway va de lifting en lifting. Son ordonnance ne change pas, malgré l’ajout d’un second niveau sur la toiture du stade, box de loges, places pour VIP et la presse. Fenway résiste…

Une dizaine d’années plus tard, le stade est doté d’extension, boutiques, restaurants qui permettent au Fenway Park malgré son âge de rivaliser avec les nouvelles arènes sorties de terre durant les années deux milles, le Tiger et le Yankee Stadium succombent à leur tour. Fenway résiste…

Avec la prise de pouvoir de John Henry, actuel propriétaire du club de Liverpool, il est question d’en finir avec Fenway, les politiques mis sous pression par les Bostoniens et les fans de baseball du pays tout entier opposent un véto catégorique à l’abandon et la destruction du stade, de nouvelles améliorations sont aménagées sans rien toucher au dessin d’origine, enfin, l’arène est inscrite au National Register of Historic places. Fenway résiste…

Consécration

Cette résistance est marquée par le retour de la franchise au sommet, les Sox remportent à trois reprises les World Séries. Fin de la malédiction. De nos jours le vieillard magnifique est loin d’être une arène obsolète, il conjugue à la perfection, passé présent et futur, tel son frère, le Wrigley Field de Chicago qui a résisté lui aussi au temps. Après plus d’un siècle d’existence, Fenway ne résiste plus. Il est désormais le temple du baseball et du sport nord-américain.