Éclairage
C’est vers la fin du XIX que les premières expériences concernant l’utilisation de la lumière artificielle ont lieu à l’intérieur d’enceinte dédié à la pratique d’un sport. Le 18 juillet 1878, un match de Polo disputé à Fulham en diurne oppose le Ranelagh Polo Club et le Hurlingham Club. Cette rencontre demeure à ce jour la première manifestation publique et sportive avec un éclairage de moyenne qualité recensée par la presse.
Cet essai n’est pas sans lendemain. Durant les décennies suivantes, plusieurs clubs de football mettent sur pied des dispositifs pour jouer des matches en nocturne. L’ensemble de ses rencontres est sans enjeux. En Angleterre, la Football Association et la Football League s’opposent au déroulement de rencontres en soirée.
On peut comprendre cette règle. L’ensemble des cités du Royaume-Uni n’était pas éclairé la nuit, les quartiers notamment, enfin, les transports ne desservaient pas l’ensemble des villes et leurs alentours.
Au Brésil, durant les années vingt, le club de Santos installe des derricks et disputes quelques rencontres en nocturne, néanmoins, l’expérience n’est pas renouvelée. Lors de l’année 1928, la direction du club argentin de Boca Junior entérine le projet qui prévoit d’illuminer le stade de Brandsen y Del Crucero, l’arène ou évolue le club xeneize. Six mois plus tard, quatre derricks sont aménagés. Le club jaune et bleu inaugure sa nouvelle installation en disposant de Newell’s Old Boys sur le score de cinq buts à deux. Néanmoins, la possibilité de jouer en soirée ne se généralise pas à travers le pays. Les dirigeants de Boca Junior démontent le dispositif.
Après bien des essais effectués en Angleterre, l’Europe reste à l’écart de cette possibilité de jouer en soirée. Sur le vieux continent seul, le stade Littoriale de Bologne en Italie est doté d’un éclairage constant. Édifiée en 1927, la lumière est installée en 1932, puis améliorée au fil des années.
Lors de l’inauguration du système d’éclairage, le FC Bologne dispose de l’Olympique d’Antibes sur la marque de trois buts à zéro. Cependant, le Littoriale sert de décors à des manifestations à la gloire du régime fasciste. Le FC Bologne n’est pas autorisé par la fédération italienne de football à jouer ses matches de championnat et de coupe en soirée.
C’est aux États-Unis que les choses se décantent. En 1934, Powel Crosley Jr propriétaire de la franchise de baseball des Cincinnati Reds planche sur la possibilité d’installer des projecteurs permanents pour jouer en soirée. Le président de la franchise, Larry MacPhail rentre en pourparlers avec les membres de la Major League et son président Ford Frick pour obtenir une autorisation temporaire pour jouer en nocturne.
Parallèlement, Larry MacPhail fait appel au service de la société Cincinnati Gas & Electric, associé à General Electric pour doter le Crosley Field d’une lumière suffisante. L’ingénieur Earl Payne assisté par Al Rutterer, Charles Young et Wayne Conover se heurte à un ensemble de problèmes qu’ils résolve au fur et à mesure.
De son côté, Larry MacPhail et ses assistants œuvrent sur les difficultés qu’occasionne le fait de jouer en soirée. Le parking du Crosley Field est agrandi et muni lui aussi équipé d’un éclairage adéquat. Enfin, un accord est passé avec la société qui exploite le réseau de transport de la ville de Cincinnati. Cette dernière met à disposition de nombreux bus pour acheminer la rencontre finie, les spectateurs le plus près de leurs lieux de domicile.
Certains actionnaires des Reds sont opposés à l’idée de généraliser le fait d’évoluer en nocturne, mais MacPhail obtient gain de cause. Après de multiples pourparlers, Ford Frick donne le feu vert aux Cincinnati Reds. La formation de Larry MacPhail est autorisée à disputer une quinzaine de rencontres sur les quatre-vingts jouées par saison à domicile.
Le fait d’évoluer en soirée est une assurance de pouvoir augmenter les revenus en termes de billetterie, car cette initiative permet d’accueillir de nombreux spectateurs qui ne peuvent pas se déplacer en après-midi du fait de leur horaire de travail.
Le vendredi 24 mai 1935 à 20h30 précisément, le président Franklin Delano Roosevelt de son fauteuil du bureau ovale tourne une clé télégraphique de la Western Union. Une impulsion électrique parcourt 500 milles qui séparent Washington et Cincinnati jusqu’à une lampe de signalisation qui se trouve sur le terrain à proximité de la première base.
Le chairman des Cincinnati Reds, Larry MacPhail, reçoit le message et presse un interrupteur. La totalité des 632 projecteurs de la marque Novalux s’allume sous les clameurs des 20 422 spectateurs présents en cette soirée historique. Cincinnati l’emporte face à Philadelphie.
Douze mois plus tard, le principe de jouer en soirée est entériné par les administrateurs de la Major League et les propriétaires de franchises. En quelques années, l’intégralité des formations de la Major League se dote d’éclairage toujours plus puissant.
Cette démocratisation intervient en Europe au début des années cinquante avec le club anglais de Wolverhampton. Stan Cullis manager des Wolves combine éclairage et diffusion télé. Sous l’impulsion de Cullis et Jimmy Baker le propriétaire des Wolves, le club noir & or organise une série de rencontres dont le fameux Wolverhampton-Honved qui lance l’idée de jouer en soirée. Cullis & Baker ont fait sauter le verrou.
En une vingtaine d’années, un peu partout dans le monde, l’ensemble des arènes dédiées à la pratique du sport est doté de système d’éclairage.