Danny Blanchflower, une question de style

Il suffit parfois du passage d’un joueur dans un club pour que celui se mette au diapason. Il en est ainsi de celui qui a incarné la Touch Tottenham durant une douzaine d’années et bien plus encore, au point d’avoir imprégné le club londonien dans son jeu et sa représentation durant plus de trois décennies…

vingtaine d’années. Danny Blanchflower est né le 10 février 1926 dans le district Bloomfield de Belfast, il est l’aîné d’une famille de cinq enfants.  Adolescent, il quitte l’école et devient apprenti électricien dans la société Gallaher’s. Il ment sur son âge pour rejoindre la RAF durant le second conflit mondial, il suit des cours de navigation quand s’achève la guerre.

Avant de s’enrôler pour l’armé, Blanchflower s’était taillé une réputation d’excellent footballeur. Il s’engage pour le club de Glentoran en 1946 et débute au poste de défenseur axial. Trois ans après, il intègre le championnat anglais en signant pour Barnsley. Il ne reste pas longtemps sous la tunique rouge de Barnsley. Aston Villa paye 15,000 £ pour s’attacher ses services.

Blanchflower devient un des joueurs favoris de Villa Park, mais trois années plus tard, le club londonien de Tottenham l’arrache à Villa pour 30 000 £. Danny Blanchflower rejoint White Hart Lane. Il ne lui faut que quelques mois pour devenir le taulier des Lillywhites.

Blanchflower apporte au club londonien ce qu’il manquait. Un joueur qui joue juste en toute circonstance. Calme, élégant, excellent technicien, jamais le geste de trop, une lecture de jeu parfaite, il se révèle fin tacticien. Blanchflower s’épanouit à Tottenham, l’équipe se reconstruit autour de lui suite au titre obtenu en 1951.

Son jeune frère Jackie a suivi le même chemin au point de rejoindre le club de Manchester United. Jackie met fin à sa carrière de footballeur assez rapidement. Il ne réussit pas à récupérer 100% de ses capacités de joueur suite à la catastrophe de Munich en 1958. Danny Blanchflower poursuit sa carrière de joueur avec Tottenham et la sélection nord-irlandaise dont il est devenu le capitaine. Il guide ses troupes au mondial de 58 en Suède, jusqu’au quart de finale. Quelques mois avant, il dispute une rencontre face à l’Italie à Belfast. Alors que le jeu est haché et violent, Blanchflower monte au créneau et calme ses partenaires. Il résonne aussi le camp italien avec sa diplomatie coutumière. 

Blanchflower était un gentleman sur les terrains, mais s’il ne rechignait pas d’aller aux contacts, même les plus durs, il n’y a jamais eu en lui, l’envie de faire mal à un joueur adverse. Blanchflower imprègne tout le club de Tottenham de sa classe si personnelle. Il en résulte un style qui se prolonge jusqu’aux années quatre-vingt…

Blanchflower flanqué de son éternel numéro quatre, mène les Spurs sur les sommets. Homme de base du onze du coach Bill Nicholson, défenseur-créateur, tireur de coup de pied arrêté et de penalty, il gagne le championnat en 1961 ainsi que la FA Cup. L’année suivante, il remporte de nouveau la FA Cup après avoir disputé une des plus grandes demi-finales de l’histoire de la C1 joué face aux Portugais de Benfica. En 1963, il devient le premier joueur d’une formation britannique à brandir un trophée européen. Tottenham dispose de l’Atletico de Madrid sur la marque e cinq buts à un à Rotterdam.

Danny Blanchflower est élu à deux reprises meilleur footballeur de l’année en 1958 et 1961 en Angleterre. Il raccroche les crampons en 1964, à l’âge de trente-huit ans.

Blanchflower a  joui d’un certain respect, durant et après sa carrière de joueur. Il était difficile de trouver un joueur plus classe et correct que ce Nord-Irlandais venu distiller sa science du jeu dans la capitale de l’Empire britannique, mais il y a toujours eu quelque chose d’étrange dans son jeu.

Cette correction en toute circonstance. Cette aisance, ce charme permanent, était due à l’influence de sa mère ancienne joueuse. Sa maman Selina lui avait inculqué dès sa prime jeunesse les rudiments du ballon rond ainsi qu’une certaine conduite à avoir sur le gazon, loin des brutes qui traînaient sur les terrains vagues de Belfast. C’est là qu’il faut chercher le pourquoi d’une telle attitude chez ce joueur….