Cloisonnement

Colin  Kaepernick durant le  Star-Spangled Banner.

Il y a quelques jours, le président des États-Unis, Donald Trump a dénoncé l’attitude des footballeurs américains qui ne respectait pas l’hymne national lors d’une réunion  électorale. Trump n’est pas allé avec le dos de la cuillère. Il a pointé l’inaction des propriétaires des franchises NFL, coupable de laisser des joueurs qui ne se lèvent pas pour l’hymne national. “Ce sont des fils de putes, il faut les virés ! “.

Ce refus de joindre au  The Star-Spangled Banner  avant chaque rencontre vient de certains joueurs du championnat de football professionnel nord-américain. Ce mouvement a démarré il y a une année. Un joueur, Colin Kaepernick à refuser de se lever pour célébré l’hymne national. Kaepernick s’est expliqué sur son attitude. « Je veux protester contre les violences policières commises envers les noirs et les personnes de couleurs dans ce pays ». Du jour au lendemain, Kaepernick devient un sujet de débat, mais personne ne suit le quarterback de la franchise des San Francisco 49Ers.

Enfance et début dans le football

Colin Rand Kaepernick est le fils d’une jeune femme désargenté, Heidi Russo d’origine européenne et d’un père afro-américain qui abandonne sa mère avant sa naissance en 1987. Colin est placé dans une famille d’accueil, adopté par les époux, Rick et Teresa Kaepernick, qui ont deux enfants.

Quelques années plus tard, le couple déménage et se fixe en Californie. Colin s’adonne au sport et au football en particulier. Il suit une voie normale qui le mène à l’université du Nevada. Quatre années plus tard, il est drafté par les San Francisco 49Ers. Profitant de la blessure du quarterback titulaire Alex Smith, Kaepernick s’impose à son poste. Il guide son équipe jusqu’en finale du Super Bowl, mais les Californiens s’inclinent face à Baltimore. Kaepernick est moins saignant les saisons suivantes. Malgré un nouveau contrat important, la vedette des 49Ers ne parvient pas à retrouver son niveau de jeu à ses débuts.

Les San Francisco 49Ers ont perdu de leur superbe sur les deux dernières décennies, mais la culture jeu qui tourne autour du quarterback en attaque demeure tant bien que mal dans le manuel de jeu du management, ce qui met le joueur clé du dispositif offensif dans une situation de grande tension. Trop d’attente a eu raison de Kaepernick, comme d’autres joueurs avant lui. Joe Montana et Steve Young attendent toujours un successeur…

Genou à terre

La saison dernière suite à un rendement décevant, son contrat n’est pas reconduit. Depuis, le joueur n’a trouvé aucun club qui veuille l’engager. Kaepernick pense qu’il est black-listé par les patrons de la NFL du fait de sa prise de position. Le monde de la NFL est divisé. Certains pensent que Kaepernick à sa place dans n’importe quelle équipe en tant que numéro deux à son poste, d’autres croient qu’il peut être un sujet de perturbation sur le banc de touche, enfin, des dirigeants de clubs ont été menacés par des fans au cas où Kaepernick serait recruté par la franchise qu’ils soutiennent.

La situation s’est brusquement détériorée il y a une quinzaine de jours avec la sortie du président Donald Trump sur cette affaire. Beaucoup de fans ont conspué les joueurs qui ont refusé de se lever durant l’hymne national. Dernier soubresaut en date, Kaepernick a déclaré qu’il renonçait à sa prise de position au cas où il trouverait une équipe.

Les écarts de Kaepernick

Il n’y a rien de répréhensible sur le plan moral à ce qu’un footballeur professionnel décide de se responsabiliser sur le plan politique. Le problème est que Kaerpernick n’a cessé de commettre des écarts qui ont fini par condamné son action. De par sa prise de position Kaepernick semble minorer l’histoire de son pays. Les États-Unis sont une société multiethnique et multiculturelle, c’est un concentré de population diverse qui ne se supporte pas, contrainte de coexister sur un territoire commun.

Ce type de société basé sur la réussite à tout prix et la recherche d’un matérialisme effréné a pour but de permettre à un petit nombre de personnes à travers des cercles de pouvoirs d’activer des réseaux de domination. Ça leur donne le droit de régner en maître sur l’économie et de mettre en place des politiques basés sur l’expansionnisme. Le rêve américain et la bannière étoilée sont les deux piliers qui tiennent ce fast-food de l’hyper violence à bous de bras.

Kaerpernic se serait grandi en créant un groupe de réflexion avec des gens venant de tout horizon sur le plan ethnique, social et indépendant de toutes ses structures et organisation trop bien huilée financée par l’État profond à ce type de débat, universités, associations antiracistes, milieux intellectuels et la presse en général.

70% des concitoyens de Kaepernick, blancs, noirs, latinos, Indiens et Asiatiques ne sont pas concernés par l’American Dream. Les blancs, irlandais en masse ont été esclaves bien avant l’arrivée des Afro-Américains sur le sol états-unien. 90% n’ont jamais atteint l’âge adulte. Il n’y aura jamais de geste symbolique envers la population indienne. Le préjudice des communautés autochtones n’est pas quantifiable moralement. Argent, films, poste à haute responsabilité, rien ne peut corriger ce qui n’est pas réparable. Kaepernick, sait-il tout ça, ou préfère-t-il l’ignorer ? La liste est encore longue…

L’histoire des États-Unis est marquée par l’hyper violence. Kaepernick ne peut faire abstraction de tous ses éléments et au fond, l’essence même de la nation américaine. Une fois le roi dollar acquis, il ne reste qu’à jouer un rôle prédéfini à travers une représentation. Métis, multimillionnaire et activiste, il est passé à côté du problème. Enfermé dans une réflexion tribale, il a dilapidé tout son crédit en voulant dénoncer un fait au lieu de produire une pensée beaucoup plus structurée sur la nature profonde de la société américaine. Dernièrement, l’ensemble des joueurs contestataires a décidé de rompre avec le mouvement, la peur des fans et du portefeuille a été dissuasive.