Césure 2/2
Identité
Depuis qu’il assume la direction du club blanc, l’actuel homme fort de Chamartin s’est évertué à respecter son agenda. Il est évident que sa mission première reste la représentation du Madrid sur le terrain.
Dans la terminologie identitaire de l’actuel président du Madrid, le joueur autochtone doit s’effacer au profit du joueur allogène. Simple logique, l’homme est un sécessionniste, produit de l’oligarchie mondialiste et promoteur du madridisme, une chimère qui mélange cosmopolitisme, atlantisme, mondialisme et sans frontiérisme.
D’où cette volonté de vouloir engager entre autres, la jeune vedette parisienne qui à défaut d’être un grand joueur possède l’ADN adéquat pour en faire la tête de gondole de son Madrid-Woke. Désormais, les joueurs allogènes supplantent les joueurs espagnols formés au club. Rabaissés et bloqués à l’étage inférieur, ses derniers finissent transférés dans des clubs subalternes. Les postes de gardien et demi-centre qui symbolise l’ADN du football ibérique ont fait l’objet d’une attention particulière. Il en est de même pour le FC Barcelone et l’Atletico de Madrid. Enfin, une quantité infime de joueurs autochtones intègrent l’équipe première pour être “exposé” en attendant d’être cédés au plus offrant.
On comprend vu sa politique, cette obsession d’avoir voulu engager contre vent et marée Arsène Wenger au poste d’entraîneur. Enfin, avec le départ de Ramos vers Paris, l’entrepreneur en bâtiment a réalisé l’objectif qui s’était fixé dès sa prise de pouvoir au sein du club blanc. Il a tué le vestiaire, certes, il a mis le temps, mais il en a fini avec cet espace un brin autonome qui restait à ce jour, la réussite du club castillan.
Représentation
Bien avant la prise de pouvoir de cet agent d’influence, le club blanc était encore respecté par bien des amateurs de football de par le monde. Le conservatisme est un défi au temps, la modernité détruit, l’actuel gestionnaire du Madrid le sait. Promotion du star-system, du bling-bling, du grand remplacement, de la culture racaille, là où ses prédécesseurs s’étaient évertués à ce que les joueurs se comportent correctement en société. Parfois, ils n’avaient pas besoin de le faire…
Politique agressive envers l’adversité
Je considère que c’est le fait le plus marquant de la politique globale menée par l’actuel président du Madrid. Depuis une vingtaine d’années, il ne se passe pas une semaine sans qu’un joueur du club prenne la parole pour dénoncer un fait quelconque, le tout encouragé par la junte du club castillan, et cet état de fait n’a aucun rapport avec l’irruption d’internet et des réseaux sociaux dans le monde de l’hyper-communication.
Le footballeur est un tube digestif. Sa vie est dédiée à l’exhibition et la provocation. Il n’a pas d’avis et suit les courants dominants en toutes occasions. L’atavisme de ce lumpenprolétariat allogène anobli par l’industrie du football réapparaît une fois libéré de ses engagements en matière de bonne conduite par la direction du club blanc. L’actuel administrateur du Madrid a dû ricaner plus d’une fois en son for intérieur sur les sorties de ses joueurs, sans parler de l’absence de toutes formes de réactions en face.
Les socios dans toute cette histoire
L’histoire d’un club est liée le plus souvent à la nature de ses supporters. Dans le prisme madrilène, l’aficion du Madrid n’est pas monolithique sur le plan politico-social. Il se compose de gens issus des classes aisées et populaires. Le vote est orienté autant à droite qu’à gauche.
Orgueilleux, prétentieux, hypocrite et une propension à se grandir humainement pour mieux se faire voir de l’étranger, tel est le castillan et l’aficion du Madrid. Pas de jaloux, le cousin catalan est de la même veine. Un corpus qui renvoie à une époque lointaine, une séquence mortifère ou cette moitié du pays vécut brièvement sous un double despotisme oriental. Je perçois une nostalgie refoulée chez la grande majorité des socios du club castillan. Un peu de patience, encore quelques transferts et une machine à bloquer à tous les étages et le Madrid n’aura plus de blanc que la couleur de son maillot, quant au futur stade Bernabéu, il incarne dans ses moindres détails, leur monde glauque et aseptisé, ses gens sentent la mort !
Chassé
Durant sa présidence qui n’en finit plus, l’homme fort de Chamartin s’est employé à exclure le groupe ultra-sur des tribunes du stade Bernabéu. Après avoir joué plusieurs rôles dont celui de bouclier face aux tentatives de gauchisation du club madrilène, puis d’avoir installé la désunion et le mal-être dans les tribunes populaires pour le compte des promoteurs du football business, le groupe a muté en organisation mafieuse. L’occasion était trop belle pour la junte et son chef d’en finir avec une structure infiltrée .
Il en est de même pour le galinero (le poulailler), la tribune debout surplombant le stade entouré des deux tours qui donnait accès aux gradins. Un enclos populaire et convivial que l’actuel gestionnaire s’est employé à détruire sous l’autel de la modernité et de la sécurité. Exit cet espace aux accents communard.
Crépuscule
Durant son long pontificat, Santiago Bernabéu a marqué le club du Madrid par sa malice. Il est le créateur d’une comédie qui dure indéfiniment. “Le Madrid n’a pas d’argent, mais l’important est que les autres croient que nous sommes riches !”
Ce vieil adage est encore d’actualité. Durant toute son histoire, le Madrid n’a jamais eu la possibilité d’acquérir une forme d’autosuffisance économique, ayant recours à des organismes bancaires pour financer son développement. La tentative de vrai-faux transfert du turboPokémon du PSG est là pour le rappeler. Le club ne disposait pas de l’argent nécessaire pour réaliser une telle opération. Ce qu’il y a dans la caisse provient de prêt de fonds américains et des banques JP Morgan et Goldman Sachs. L’actuel gestionnaire du Madrid n’oublie jamais de faire manger certaines personnes, enfin, la transformation du Stade Bernabéu a plongé le club dans une dette abyssale. La privatisation préparée et forcée du club blanc arrive. Cet homme est malin.
Nombrilisme
Sous le règne de Santiago Bernabéu, peu après les victoires obtenues sur la scène européenne, s’est imposé l’idée que le Madrid était en quelque sorte le meilleur ambassadeur de l’Espagne à l’étranger, rôle dévolu à la sélection. Ses gens ne doutent de rien, leurs prétentions sont sans commune mesure. Leurs amnésies, aussi.
Un président hors sol, un club qui fait débat suite à tous les avantages décisifs cumulés ses dernières années en matière d’arbitrage sur la scène européenne, une équipe mondialisée, enfin, un club qui n’est plus qu’une marque. Désormais, le Madrid est un club symbole de l’hyperclasse, ce qui explique cette bienveillance des médias ibériques et étrangers. Ce club dont l’action est dédiée à la domestication des classes aisées sur les masses déstructurées caractérise à lui tout seul le football de club européen de ses vingt-cinq dernières années. Pour cette raison, il ne faut pas voir une cassure profonde entre la présidence de l’actuel gestionnaire du Madrid et ses prédécesseurs, d’où cette césure qui n’en est pas tout à fait une.
Épilogue
Force est de reconnaître que la gérance du club du Madrid est une des séquences les plus intéressantes de ses vingt dernières années dans le monde du sport professionnel. Ou comment une institution sportive s’est transmuée en empire du vice, de la bouffonnerie et de l’extrême laideur. Après ce constat les propos du site El Confidencial prennent un certain sens.