Benitez, un jour peut-être

Valladolid 1959. Les dirigeants du club du Real Valladolid accueillent deux nouvelles recrues en provenance de Montevideo. Julio César Benítez défenseur du Racing Montevideo et Eduardo Endériz milieu de terrain de Central Español. Julio Benítez est un joueur puissant, rugueux, mais correct. Un joueur de devoir dont le profil est recherché par certains clubs. Lors de ses débuts, Benitez patine. Il met un certain temps pour s’acclimater au jeu local. Le club de Valladolid ne le garde pas et accepte de le transférer vers la Real Saragosse.

Benítez ne fait pas long feu à la Romareda malgré une saison satisfaisante. L’année suivante, les dirigeants du FC Barcelone font une offre conséquente au club de Saragosse. Au Camp Nou, Benitez trouve ses marques. Il devient un des piliers d’une équipe qui marche à l’ombre des deux clubs de la capitale qui domine la Liga. Benitez se fait remarquer par sa propension à prendre les meilleurs joueurs adverses au marquage. Ses duels face à Francisco Gento et ses prises de bec avec les arbitres du fait de son jeu rugueux font l’actualité des médias sportifs.

Après sept années en Catalogne,  » el canon  » Benitez est un des joueurs les plus appréciés par les supporteurs de l’effectif blaugrana, mais durant le début du mois d’avril 1968 à une semaine du choc face au Real Madrid, survient un problème. Après un week-end dans la Principauté d’Andorre avec sa femme et un ami – la Liga faisait relâche -, il apparaît fatigué au premier entraînement de la semaine. Ce n’est pas nouveau. La presse locale a toujours présenté le joueur comme étant exemplaire, mais Julio aime faire la fête. Il brûle la vie par les deux bouts, son hygiène de vie est en opposition avec les obligations contractuelles d’un joueur professionnel. Le lendemain, il n’arrive pas à mettre un pied devant l’autre. Le staff médical du club décide de l’hospitaliser. Deux jours plus tard, Julio Benítez décède subitement !

C’est la consternation à Barcelone et en Espagne. Comment un joueur avec une telle corpulence physique peut-il mourir ainsi ? Rapidement, le club communique. Benitez aurait été intoxiqué du fait d’avoir mangé des moules avariées durant son week-end en Andorre. Le joueur uruguayen était connu pour manger des fruits de mer à profusion. C’est la faute à pas de chance…

La fédération espagnole sollicitée par les deux clubs accepte de reporter la rencontre au mardi soir. Plus de 100 000 personnes se presse au Camp Nou pour rendre un dernier hommage à Benitez. Toute la Junte et les joueurs du club barcelonais sont présents ainsi que Miguel Munoz entraîneur du Real Madrid et son capitaine Francisco Gento. Quelque semaine plus tard, le Barca remporte la Copa du Généralissime. Les joueurs dédiés la victoire à leur coéquipier disparu, fin de l’histoire, enfin presque, car les interrogations au sujet de la mort de Julio Benitez n’ont jamais cessé, et ce à Barcelone même.

Bien plus tard, des journalistes catalans ont eu accès au dossier médical du joueur uruguayen. Il est mentionné que Julio Benitez est décédé d’une fibrillation ventriculaire causée par une septicémie septique intense d’origine inconnue.  La fibrillation ventriculaire est une maladie rependue dans le monde du football. Récemment, des joueurs qui présentaient des risques ont mis un terme à leur carrière. On note aussi la présence d’une septicémie septique. C’est là que l’on reparle de l’infection alimentaire due à l’absorption de moules avariées.

Après des années de silence, Carlos Reixach joueur emblématique du club barcelonais à apporter un début de réponse sur la mort de Benitez. Dans son livre  “Ara jo parlo”, l’ancien attaquant blaugrana affirme qu’en fonction de son état, Benitez avait subi une injection faite par le médecin du club, le docteur Altisench d’un produit qu’il ne connaissait pas. On peut louer l’envie évidente de Reixach de mettre à jour la vérité, et de rendre justice à son ancien coéquipier, quitte à égratigner l’image du club.

La femme de Benitez a affirmé que Julio n’avait pas ingurgité des moules durant son week-end en Andorre. Enfin, la famille et la presse n’ont jamais eu accès aux résultats d’une biopsie pratiquée sur Benitez après sa mort. Depuis, le club catalan n’a jamais plus communiqué sur le décès brutal de Julio Benitez.

En 1976 le joueur uruguayen Alfredo Amarillo signe pour le club catalan. Barré par les vedettes néerlandaises Johann Cruyff et Johann Neeskens, il joue peu durant ses deux années à Barcelone. Amarillo connaît l’histoire de Benitez au point où il va fleurir sa tombe. Amarillo confie à des proches que Benitez lui parle d’outre-tombe et qu’il a été empoisonné. Amarillo reste en Espagne encore quatre années. De retour au pays, il fait un séjour dans un hôpital psychiatrique à Montevideo.

En 2012, les restes de Julio Benitez ont été transférés par des proches dans un lieu resté secret…