Arsenal, club pilote de l’hyperclasse
Dans le monde du football professionnel, les années 1985-95 sont marquées par la déferlante néolibérale qui va redéfinir le visage du football dans le monde. Une quinzaine d’années plus tard le constat est sans appel. Le paysage du football de club en Europe a changé, radicalement. Certains clubs ont vu leur identité explosée en éclat. Le meilleur exemple se nomme Arsenal. Le club londonien transpire plus qu’aucune autre enseigne sportive cette transformation.
Les faits se déroulent au début des années 90, le vieux club rouge et blanc vole de succès en succès entre championnats coupe nationale et coupe d’Europe. Son manager George Graham mène de main de maître cette équipe au jeu et à la culture So british.
Arsenal est le plus vieux pensionnaire de la première division au niveau des clubs londoniens. Bien qu’Arsenal accède dans l’élite en 1904, le club doit attendre 1931 pour remporter son premier titre.
Les supporters des Gunners proviennent en grande partie de la communauté irlandaise de confession catholique. Ces derniers auront bien souvent l’occasion de voir les enfants du pays venir se produire à Highbury sous le maillot rouge et blanc. Cette situation perdure durant presque un siècle.
C’est à ce moment-là que David Dein un homme d’affaires de la City qui avait racheté 16 % du club dans les années 80, vice-président du board responsable des opérations concernent le développement du club prend en main, les destinées des Reds &Whites. Dein est décidé à transformer la vieille bibliothèque d’Highbury en marque de cigarette pour le monde entier ! À première vue la tâche n’est pas simple, même si Dein est un pur produit du cosmopolitisme culturel et financier anglo-saxon.
Son premier fait d’armes est la mise en conformité du stade d’Highbury après les conclusions du rapport Taylor, bien avant tous les adversaires des Gunners. Les deux virages du stade disparaissent pour laisser la place à des tribunes assises dotées de loges. Rapidement, Dein augmente le prix des places, ce qui a pour effet de chasser petit à petit les fans légitimes sans grands moyens. La plupart renoncent au stade et se résignent à suivre les rencontres de leurs favoris dans des pubs sans avoir conscience qu’ils se sont fait déposséder de leur club.
Les chants des virages se sont tus pour laisser la place à des ambiances à la Disney pour touriste fortuné, du jamais vu en un siècle. Un jour certains parleront d’ouverture et de progressisme pour expliquer l’époque de David Dein et d’Arsène Wenger. Moi, je ne vois que confiscation, spoliation culturelle et destruction !
Le deuxième grand fait d’armes de David Dein remonte à l’année 1994 où il réussit à faire rentrer le géant américain Nike dans le monde du football britannique. Ce dernier cherche une véritable tête de pont dans le monde du soccer. Le géant nord-américain s’est fait remarquer par la commercialisation de chaussure en Europe et par un partenariat avec le club allemand du Borussia Dortmund. Arsenal est une affaire en or pour Nike car les Gunners sont très exposés en tant que club phare de la capitale anglaise.
En s’affichant sur l’un des maillots les plus respectés de l’Europe du football, la firme US se donne une forme de respectabilité, une dizaine d’années plus tard les plus grands clubs européens évoluent à leur tour sous la bannière de la virgule…
Se débarrasser de George Graham était aussi essentiel à la réussite du plan de Dein. En finir avec cette identité britannique au niveau du jeu était primordial sans parler des trop nombreux joueurs nationaux faisant partie de l’effectif des Gunners. Grâce à l’arrêt Bosman la possibilité d’engager une pléiade de joueurs étrangers est devenue possible.
Après avoir contraint Graham de démissionner suite à une sombre histoire de somme d’argent perçue par l’écossais sur deux joueurs scandinaves par l’intermédiaire de leur agent (ce qui n’a jamais vraiment été prouvé) Dein prend les transferts en main puis nomme un intérimaire à la place de Graham puis un deuxième en attendant que celui à qui il destine le poste de manager et qui officie au japon soit libre.
Le dénommé Arsène Wenger incarne les visions de Dein. Polyglotte, séducteur, élégant, intelligent c’est un authentique pur produit de l’hyperclasse mondialisé ! Mieux encore, Wenger est Français ce pays où la mondialisation fait peur ! L’Alsacien est une fabuleuse réclame pour la City ! Sous la férule de l’infernal duo Arsenal, change radicalement de peau. Dans un premier temps, cela consiste à rabaisser l’œuvre de Graham avec le concours des médias porteur de l’idéologie néolibérale. Vendre le nouvel Arsenal au monde entier, tel est la mission de David Dein pendant que Wenger s’attelle à remanier l’équipe dans le but la transformer en totalité…
La suite on la connaît plus ou moins. Rapidement le club acquiert de nouveaux résultats. Le style de jeu n’a plus rien à voir avec le boring Arsenal, ce qui ravit les tout nouveaux supporters des Gunners. Sur ce plan Dein est un crack, on retrouve même des converties en quantité non négligeable en France connue sous le nom de Footix.
La construction et l’inauguration de l’Emirates stadium parachève l’œuvre de Dein qui préside le G14 et voit ses actions du club s’envoler. La nouvelle arène édifier à proximité du stade d’Highbury correspond au besoin du football business. Ses salons accueillent notamment des chefs d’Etat pour des conférences. Arsenal est désormais un acteur majeur dans le processus de la mondialisation.
Si Wenger a brillamment réussi à faire un attelage d’un jeu assez classique au niveau de la circulation de balle produite dans le reste de l’Europe en le mariant à la simplicité et à la vitesse du jeu Anglais, sont bilan en coupe d’Europe reste très faible. La faute est due un effectif qui ne recèle aucun joueur britannique. Point de fighting spirit chez les Gunners, d’implication profonde. Dans les moments empreints de difficulté, la formation londonienne a toujours baissé pavillon…
Depuis, Dein a fini par céder ses actions. Achetées 292 000 livres il a fini par les revendre au prix de 88 millions de livres à un homme d’affaires de nationalité belge et à une holding russe après quelque bataille entre les actionnaires qui a vu au même moment l’arrivée de Stan Kroenke, un investisseur nord-américain parmi les actionnaires importants…
En seulement sept années, le vieux club londonien a opéré une mutation invraisemblable. À titre personnel, je n’ai aucun doute, Arsenal en fonction de ses actionnaires a été un club-pilote dans la politique de la mondialisation. Or avec ce genre de programme, ce sont les jeunes en manque de repère culturel qu’il faut séduire. Les générations Erasmus et code-bar.
Le produit Mondo-Arsenal imaginé par David Dein a presque atteint son objectif…