La voix du système
Alfredo Relaño est la plume la plus renommée de l’autre côté des Pyrénées quand il s’agit de parler de football. Lire Relaño devient nécessaire si on connaît l’histoire du football ibérique dans ses moindres détails, car le rédacteur en chef de As est le journaliste qui a pour mission tout comme son confrère anglais Jonathan Wilson du journal le Guardian de réécrire le roman national en matière de football. Relaño, c’est une dialectique acquise entièrement aux intérêts des deux clubs phares du championnat espagnol, le Real Madrid et le FC Barcelone et tout ce qui gravite autour de ses deux institutions.
Relaño vient au monde en 1951, il est de père castillan et de mère catalane. Adulte, il se lance dans le journalisme, il collabore avec plusieurs organes de presse, dont Marca et Mundo Deportivo et le quotidien El Pais dès sa fondation en 1976, il est en charge de l’actualité sportive. Plus tard, il intègre Canal + durant les années quatre-vingt-dix et prend en charge tout ce qui touche à l’actualité du football. Suite à l’acquisition du tabloid As par le groupe Prisa durant l’année 1996, il en devient le directeur général, une place qu’il occupe encore à ce jour.
Relaño est l’inventeur du classico dans sa version espagnole. Cette prise de position intervient dans un football ibérique dont l’activité ne tourne pas autour de deux clubs, ce qui peut s’avérer comme source de confrontation majeure et de conflit médiatique. Il sait que le football espagnol comme dans toute l’Europe n’est que culture depuis les années soixante, la Coupe d’Europe ayant joué un rôle majeur dans ce transfert du divertissement vers le culturel.
En fonction de ses nouvelles disponibilités, il se met au travail pour réécrire l’histoire du football local focalisé sur les clubs du Real Madrid et du FC Barcelone. Ce qui n’était que de petites anecdotes entre ses deux clubs sans importance – il existe les mêmes entre les autres clubs – devient un fait historique, d’une portée monumentale pour l’histoire du football mondial. L’homme fort du quotidien As a réussi à imprégner par cette logorrhée totalitaire, l’ensemble des professionnels de la presse.
Sa création du Clàsico en référence au choc principal du football argentin qui met aux prises les clubs de Boca Juniors et River Plate, résume son action. Le Clásico Boca-River est une fratrie qui s’est divisée. Le Clásico dans sa version hispanique n’a rien de commun avec l’original, puisqu’il oppose les deux plus grandes villes du royaume à travers deux clubs marqués à droite et qui n’ont jamais été éloigné de par la sociologie de leurs supporteurs, et ce même durant la période franquiste, en terme de confrontation ont à fait mieux.
L’homme fort de As est à la source de multiple polémique de confort, des attaques pour occuper l’esprit du péquin, quel que soit le club qu’il supporte. Par ses écrits il accompagne le processus de transformation du football ibérique oppéré à l’orée des années quatre-vingt-dix, mutation d’un public populaire vers un public issu des classes aisées.
L’irruption de l’argent à profusion dans le monde du football professionnel à contribuer à abaisser la connaissance et l’histoire du jeu, au point de travestir le passé pour mieux vendre la période actuelle, ce qui a enfanté une nouvelle génération de consommateurs de la matière football. Le final-cut de As plus qu’aucun autre à participer à cette gentrification du football et continue à produire cette entreprise spoliatrice et d’abêtissement généralisé.