Super ligue : première ébauche
Octobre 1959, le club du Madrid se rend au grand complet en Angleterre pour disputer une rencontre amicale face au club de Manchester United. C’est une occasion pour la délégation madrilène de soutenir le club mancunien frappé par la catastrophe aérienne de Munich. Lors de ce séjour en Perfide Albion, l’état-major et l’ensemble des joueurs du club blanc se rendent sur la tombe d’Eddie Colman, joueur-cadre de la formation du manager Matt Busby. Les Madrilènes sont accompagnés par les dirigeants et joueurs de Manchester United.
Contexte
À cette époque, Santiago Bernabéu, président du club quatre fois vainqueur de la Coupe d’Europe des clubs champions jouis d’un certain statut dans le monde du football. Quand il parle, l’Europe du football l’écoute. Bernabéu qui est un homme de contact entretient quelques amitiés avec des dirigeants de clubs dont Harold Hardmann chairman et actionnaire minoritaire du club de Manchester United.
Après l’obtention de deux titres glanés en 1908 et 1911, le club propriété de John Henry Davies, un richissime brasseur, rentre dans le rang. United éprouve des difficultés à se maintenir en première division au point ou quelques saisons plus tard, le club chute en deuxième division. Après avoir rejoint l’élite, le club rouge n’obtient aucun résultat probant. Après la fin du deuxième conflit mondial, le propriétaire du club James W. Gibson assisté d’Harold Hardmann, fait appel à Matt Busby, ancien joueur professionnel pour prendre en main le club mancunien. Quarante ans après son dernier titre, United renoue avec la victoire en remportant le championnat de 1952. Le club britannique s’installe au sommet du football anglais en partageant sa position avec le Wolverhampton du manager Stan Culis.
Au moment des faits, Manchester United est loin de posséder la renommer du Madrid quadruple champion d’Europe, néanmoins, la catastrophe de Munich à positionné le club mancunien dans une position inespérée.
Discussions
Durant ses quelques jours, Santiago Bernabéu retrouve Harold Hardmann qui a pris la suite de James W Gibson suite au décès de ce dernier. Bernabéu et Hardmann s’estiment réciproquement. Les deux hommes sont proches du fait de leur parcours respectif dans le monde du football. Bernabéu et Hardmann ont été respectivement, joueur, directeurs technique et administratif, et enfin présidents de club. Après le drame de Munich, Bernabéu propose de prêter Alfredo Di Stefano quelques mois au club mancunien pour qu’il se remette d’aplomb. Bernabéu, Di Stefano, Hardmann et Busby sont d’accord, mais la FA met son veto à cette opération.
Au cours de leurs nombreux entretiens, les deux hommes en arrivent à aborder le sujet de la création d’une super ligue. Une compétition qui serait d’une envergure supérieure à celle de la Coupe d’Europe des clubs champions…
Il est clair que Santiago Bernabéu est pris par le doute. La Coupe d’Europe des clubs champions a sacré un seul club, son Madrid. Le public pourrait rapidement se lasser de cette épreuve si, seul le Madrid l’emporte continuellement…
Quelques mois plus tard, Jacques Ferran journaliste de l’Équipe qui a grandement participé à la création de la Coupe d’Europe des clubs Champions se trouve dans la capitale espagnole pour faire le tour de l’actualité du club madrilène. Au cours d’une discussion avec Santiago Bernabéu, le reporter parisien lance l’idée d’une création d’une super ligue européenne qui pourrait succéder à la compétition en cours. Bernabéu et son adjoint Raimondo Saporta lui répondent que c’est une grande idée, mais qu’il n’existe à ce jour aucune étude sur la faisabilité d’une telle compétition, si tel était le cas, les dirigeants du club blanc n’hésiteraient pas à étudier la possibilité de mettre sur pied une telle compétition. Les choses en reste là, enfin presque…
Bernabéu n’attend pas. Guidé par sa curiosité, il se lance dans une étude censée faire le tour de la question. Le président madrilène n’est pas déçu par le résultat. Il transmet la chose à son ami Harold Hardmann…
La note restée secrète aborde plusieurs cas possibles en termes de compétition. Deux problèmes de taille apparaissent. La rentabilité économique et l’imbroglio juridique auquel serait confronté l’ensemble des clubs membres de cette super ligue face à leur fédération et l’UEFA, sans omettre pour le club blanc la réaction du général Franco. Le Madrid ne peut se prévaloir d’être au-dessus de l’Espagne et Santiago Bernabéu, le sait.
Après avoir fait le tour de la question, Bernabéu et Hardmann conviennent de laisser ça de côté…