Réhabilitation du Fronton Beti-Jai

C’est avec l’introduction de la balle en caoutchouc et du chistera, le gant en osier, que la pelote basque prend un nouvel essor au tournant vers la fin du XIX siècle en Espagne. Ces nouveautés engendrent de multiples réflexions chez les pratiquants et imposent la construction de nouvelles aires de jeu.

En Espagne, le promoteur et homme d’affaires basque José Arana, se lance dans la construction de Fronton. Parmi ses réalisations figure le Fronton Beti-Jai de Madrid. Cet édifice est inauguré en 1893. Edifié au 7, rue de Riscal, dans le quartier de Chamberi, la “Chapelle Sixtine des frontons madrilènes” comme le surnomme la presse locale devient rapidement un lieu où se rencontrent bon nombre de gens de la société madrilène.

D’une surface globale de 10 800 m², l’aire de jeu est ceinturée sur un côté par quatre étages constitué de deux rangées de gradins. Le rez-de-chaussée est constitué d’une douzaine de travées, il représente presque à lui seul la capacité de l’arène.

Dans la cour intérieure, les quatre étages sont soutenus par des poteaux métalliques ornés d’une toiture adéquate. Les murs sont recouverts de fresques qui s’ajoutent à la décoration générale de l’édifice. Un tableau d’affichage orne le mur de l’enceinte, visible par l’ensemble des spectateurs, enfin le fronton abrite dans ses murs, une cafeteria et un restaurant.

En 1919, le fronton ferme ses portes, victime de la concurrence et d’un manque d’entretien. L’arène reste inutilisée durant quelques années, puis est convertie en atelier. Des automobiles sont temporairement assemblées, quelques années plus tard, il devient un garage, puis un centre d’études pour le bureau civil de l’armée de l’air, puis un grand commissariat de police durant le régime franquiste.

Il sert aussi de salle de répétition pour les spectacles scolaires. Au tournant des années cinquante, il est racheté par la firme automobile française Citroën, qui l’utilise comme atelier de réparation.

Vers la fin des années soixante, le fronton ferme à nouveau ses portes. Sans activité, il se désagrège lentement.

 La longue marche

Il faut attendre les années quatre-vingt-dix pour que le Fronton Beti-Jai suscite l’intérêt des autorités municipales. Une société basée au pays basque décide de se porter acquéreur du fronton. Le but est de lui rendre son aspect d’antan, ce qui semble possible, dans le but de dédier cet espace à son origine, la pratique de la pelote basque.

C’est une hérésie, car le fronton est bien trop abimé et dépassé par sa conception originale pour pouvoir abriter des rencontres de pelote basque. Après avoir déboursé la somme de deux millions et demi, l’édifice est cédé à une entreprise qui souhaite à son tour réhabiliter le fronton.

En 2010, la mairie de Madrid tente de racheter le batiment, mais elle se heurte au propriétaire  non vendeur. Après des années de tergiversations, elle, lance un processus d’expropriation. La mairie devient propriétaire du fronton à hauteur de sept millions.

Rédemption

Dès lors, la municipalité entame les travaux de première importance. En 2017, la première tranche des travaux est achevée. Deux ans plus tard, la deuxième est réalisée pour un budget de l’ordre d’une douzaine de millions d’euros. En juin 2019, est organisée une journée porte ouverte. Depuis, le bâtiment qui avait été réhabilité dans le but d’organiser de multiples manifestations publiques restent inactif, la période covid ayant joué un rôle négatif dans son redémarrage.