Odyssée, Roberto Clemente
22 décembre 1972, Managua, capitale de l’État du Nicaragua est ravagée par un puissant tremblement de terre. Le séisme s’est produit vers minuit, heure locale. C’est la panique générale, la ville est à moitié détruite, les habitants les plus mal lotis qui ont survécu sont dans le plus grand désarroi. Les premiers secours s’organisent provenant des états limitrophes. Aux États-Unis, des organisations s’activent à envoyer le nécessaire pour paliers les manques envers la population. À Pittsburgh, Roberto Clemente se porte volontaire pour diriger les opérations de premier secours.
Alors que les avions acheminent vivres, médicaments et vêtements, Clemente apprend que des cargaisons ont été détournées par des fonctionnaires locaux, il entreprend de charger un nouvel appareil et se porte volontaire pour accompagner le pilote et le mécanicien d’un Douglas DC 7. Alors que l’avion-cargo survole la côte d’Isla Verde, l’appareil rencontre des problèmes de moteurs, le pilote ne peut rien faire, l’avion perd de l’altitude, et ce crash en mer.
Les personnes présentes sur les lieux de la catastrophe prennent leur embarcation et se portent au secours des occupants du DC 7. Malgré la meilleure volonté, ils ne trouvent que des débris qui flottent à la surface. Le lendemain, des plongeurs munis de bouteilles à oxygène explorent l’épave, mais ils ne retrouvent que le corps du pilote de l’appareil. Clemente est porté disparu. C’est une onde-choc pour la population de Pittsburgh, car Roberto Clemente était une star du baseball et vedette des Pittsburgh Pirates. La communauté du sport et bien au-delà est abasourdie. Roberto Clemente était un joueur réputé, admiré et respecté…
Roberto Clemente vient au monde en 1934 dans la localité de Carolina à Porto Rico dans une famille de condition moyenne. Enfant, Roberto joue à la balle en toute circonstance, il fréquente le stade local de baseball qui accueille durant l’inter- saison des joueurs qui évoluent dans les ligues mineures.
Al Campanis, scout des Brooklyn Dodgers découvre Clemente vedette des Cangrejeros de Santurce au hasard d’une partie à Porto Rico, vers 1954. Campanis lui propose un contrat que le jeune Clemente signe sur-le-champ, car il est désireux de jouer au plus haut niveau en Major League et à New York ou il possède des membres de sa famille. Les Dodgers l’envoient à Montréal, pour qu’il s’aguerrisse au jeu.
Le propriétaire de la franchise New Yorkaise, Walter O’Malley n’est pas emballé par Clemente. Branch Rickey ancien manager général des Dodgers partit à Pittsburgh est mis au courant. O’Malley et Rickey ne se parlent plus depuis des années dues à une brouille qui a conditionné le départ de ce dernier. Rickey saute sur l’occasion et laisse les recruteurs Clyde Sukeforth et Howie Haak préparer le terrain pour récupérer Clemente. En fin de saison, O’Malley lève l’option et Sukeforth et Haak récupère Clemente.
Roberto Clemente se présente au camp d’entraînement des Pirates à Fort Myers, en Floride. Il constate que si les joueurs non blancs sont désormais admis en Major League, une certaine ségrégation persiste dans le mode d’organisation d’une franchise telle que les Pirates. Blancs, noirs, et latinos sont séparés. Chacun mange de son côté. Clemente est doublement frappé par cette situation, car il est noir, latino et ne comprend pas l’anglais. Durant l’hiver 1959, il s’abstient de jouer au baseball et rejoint la Réserve du Corps des Marines des États-Unis. Il effectue un service actif de six mois en Caroline du Sud. Il profite de son séjour chez les Marines pour développer son corps sur le plan musculaire.
Clemente débute en Major League. Il se révèle comme un excellent batteur, mais il est parfois victime de douleurs dorsale et au cou qui l’oblige à rester à l’infirmerie. La presse locale et nationale voit en lui un hypocondriaque. Ses douleurs le contraignent au repos le plus souvent. Quelques mois plutôt, il avait été victime d’un accident de la route avec son frère, il en a gardera des séquelles irréversibles.
Lors de la saison 1961, il joue un baseball de rêve. Il est partout avec son coéquipier Dick Groat, l’autre batteur vedette de l’équipe, ils portent les Pirates au sommet et remportent les World Séries. Peu après, il est déçu de voir que sa performance n’est pas reconnue à sa juste valeur. Groat est récompensé, pas lui. Il attribue ce manque de reconnaissance au fait qu’il soit latino, et ne parle pas bien l’anglais, mais c’est l’impossibilité de fêter le titre avec ses partenaires qui le touche. Le club privé qui accueille les Pirates pour célébrer le titre de champion du monde est réservé aux blancs.
Durant les années soixante, il demeure un des joueurs les plus en vue de la Major League, malgré ses absences répétées. Il reste un élément essentiel dans la formation de Pittsburgh, mais le style de Clemente n’est pas pris en compte par l’establishment du baseball. Le public demeure dubitatif sur la valeur du joueur. Clemente est timide et il ne maîtrise pas l’anglais correctement. Il a toujours donné une image ambivalente de sa personne. Arrogant et imbu pour ses détracteurs, réservé et déçus par le regard des autres pour ses fans, mais il contribue à faire évoluer les choses. Sous son impulsion, sa formation met fin à la ségrégation entre joueurs et il obtient le titre de meilleur joueur de la National League en 1966.
Vers la fin des années soixante, Clemente s’investit activement dans les œuvres caritatives. Il garde son niveau de jeu et mène sa formation à un nouveau titre de champion durant l’année 1971. Il est élu meilleur joueur de ses World Séries.
Après l’annonce de sa disparition, des funérailles symboliques sont organisées à Pittsburgh, la totalité des joueurs et dirigeants ainsi que plusieurs figures de la Major League sont présentes aux côtés de son épouse et de ses trois enfants à l’ exception de Manny Sanguillen, coéquipier de Clemente qui s’est rendu sur les lieux de la tragédie. Il plonge à plusieurs reprises sur l’épave de l’appareil, mais Sanguillen ne retrouve pas le corps de son ami.
Après dix-huit saisons en Major League, Clemente avait fini par être reconnu à sa juste valeur par le milieu du baseball, mais il n’aura pas eu le temps de s’étendre sur cette situation. Le 31 décembre 1972, Roberto Clemente s’envolait à bord d’un DC7 cargo pour le Nicaragua, des gens avaient besoin de lui…